Maran nous fait visiter l’atelier d’art qu’elle a organisé pour venir en aide aux enfants et aux femmes qui en ont le plus besoin. Elle explique: «Au début, beaucoup d’enfants dessinaient de grandes figures noires. Cela représentait Daech et les autres maux que les enfants ont dû endurer. Après un certain temps, les couleurs sont devenues plus claires, les formes plus nettes et plus détaillées. Les figures sombres rétrécissent ou disparaissent. C’est un signe que les enfants résorbent leur traumatisme.»

Leur église leur manque

Maran poursuit: «La première fois qu’ils viennent, nous demandons aux enfants ce qui leur manque le plus. Ils dessinent presque tous leur église! Beaucoup ont vu Daech ôter la croix de leur église et cela les a fortement marqués. Ils fréquentaient régulièrement l’église et ils aimaient son ambiance chaleureuse.» Maran montre un dessin en particulier: «Cette fillette était si traumatisée qu’elle parlait à peine. Elle a juste dessiné un arbre et un très grand cœur. Elle m’a dit que sa maison lui manquait. L’arbre représentait sa maison, et le cœur, sa douleur. J’en ai eu moi-même le cœur brisé.»

Les cœurs s’ouvrent peu à peu

Dans un second temps, les enfants apprennent à parler de leurs sentiments. L’outil utilisé est une «horloge d’humeur». Chaque jour, les enfants règlent l’aiguille sur: heureux, bien, moyen, triste ou fâché, selon leur humeur. Il y a même des mères qui s’en servent pour indiquer à leurs enfants comment elles se sentent. «Quand la mère est traumatisée, les enfants le sont aussi», dit Maran. «La mère se fâche contre les enfants, les enfants se fâchent contre leur mère, et ils ont de la peine à en parler. Certaines mamans se sentent si impuissantes qu’elles battent leurs enfants. Nous leur demandons pourquoi cela arrive-t-il alors qu’elles ne le faisaient jamais avant. Et la guérison du traumatisme est enclenchée.»

Remplacer le chagrin et la colère

Le dernier instrument thérapeutique est un nuage où est écrit «J’aimerais…» et sur lequel l’enfant fixe ses objectifs pour le lendemain. Le soir, il le place à côté de son lit. Un enfant s’est donné cinq objectifs sur son nuage: prier plus, dessiner plus, aider mes parents, écouter ce qu’on me dit et commencer à lire un livre. Maran est enthousiasmée par les effets de ce moyen tout simple, qui aide les enfants à remplacer le chagrin et la colère par des sentiments positifs.

Grâce à des partenaires aussi efficaces que Maran, Portes Ouvertes peut mener différents projets pour aider les chrétiens de Syrie et d’Irak à construire un avenir meilleur. L'Église ainsi encouragée et fortifiée continuera à maintenir sa présence au Moyen-Orient.