La jeune femme a 26 ans lorsqu’elle est kidnappée en 2014 à Karakosh. Vendue puis achetée à 4 reprises comme esclave sexuelle, Rita Habib a enfin été libérée en 2017 et a pu retrouver son père, âgé, en avril dernier. 

Elle ne voulait pas laisser son père seul

Nous sommes en 2014. Les terroristes du groupe État Islamique ont déjà pris possession de Mossoul, à 86 km, et sont en route pour Karakosh et les villes voisines. Des vagues de réfugiés venant de la Plaine de Ninive arrivent au Kurdistan. Rita, elle, fait le chemin inverse. Alors en sécurité à Erbil, elle décide de se rendre à Karakosh pour rejoindre son père. Ce dernier est âgé et ne peut pas prendre la route. Elle ne veut pas le laisser seul alors que tous ses voisins sont partis. 

Rien ne peut arrêter la jeune femme, qui fait preuve d'une rare détermination et ne se rend pas compte du danger imminent. Les chauffeurs de taxi, d’abord, refusent de l’emmener. Puis les Forces armées du Kurdistan irakien (Peshmergas), ne peuvent pas la stopper dans son élan. Ils l’informent que la zone n’est pas sûre, mais elle passe tout de même les points de contrôle. 

Quand les Peshmergas perdent le contrôle du territoire, les terroristes pénètrent dans les maisons en forçant les portes. Rita est capturée et emmenée à Mossoul. Renommée «Maria» par ses agresseurs, elle est vendue sur le marché d’esclaves sexuels.

4 années de torture

En tout, Rita a eu 4 «propriétaires», des djihadistes irakien, saoudien et syriens du groupe État Islamique, et a été déplacée plusieurs fois. Elle a subi non seulement des agressions sexuelles, mais aussi une forte pression psychologique et des sévices corporels. Sa foi l'aide à tenir. 

Quand l’un de ses agresseurs lui demande si elle a peur, elle répond avec assurance : « Je n’ai peur de personne sauf de Dieu. »

En septembre 2017, les Forces démocratiques syriennes la libèrent alors qu'elle se trouve en Syrie à Deir Ezzor, Rita est emmenée à Qamishli, au Nord-Est de la Syrie, pour être soignée. La jeune femme, traumatisée, a mis un mois à pouvoir enlever son voile sans craindre une attaque.

La violence sexuelle comme moyen de pression

La violence sexuelle contre les femmes et les filles est l'un des moyens les plus courants de faire pression sur les communautés et les familles chrétiennes. Sous Daech, les esclaves sexuelles, pouvaient être vendues entre 5 200 et 10 400 €. Les prisonnières devaient prendre des pilules contraceptives et subir des avortements forcés. 

Après le départ de Daech, des chrétiens irakiens tentent de revenir chez eux. Beaucoup de maisons ont déjà été reconstruites grâce à l'aide internationale. Portes Ouvertes, par l'intermédiaire de partenaires locaux, mène des projets sur place pour soutenir les communautés chrétiennes d'Irak et de Syrie.