Pour mieux comprendre la situation et nourrir nos prières, voici cinq éléments clés.

1. Qu’est-ce que l’Église de Sion?

Fondée à Pékin en 2007 par le pasteur Jin Mingri, l’Église de Sion est réputée pour son ministère axé sur l’éducation, la famille, l’entraide communautaire, l’implantation d’églises et pour sa forte présence en ligne.

En 2018, elle a officiellement été interdite par le gouvernement chinois après que sa direction a refusé d’installer des caméras de surveillance dans ses locaux. Elle a alors été contrainte de se diviser en petits groupes, étendant progressivement sa présence dans d’autres provinces.

Devenue souterraine depuis, l’Église de Sion vit désormais sous la menace constante d’arrestations ou de fermetures immédiates.

Selon Shanyin (pseudonyme), l’un de nos partenaires locaux, l’Église de Sion est devenue un symbole majeur de résilience spirituelle et s’oppose ouvertement à la «sinisation du christianisme».

2. Que s’est-il passé au début du mois d’octobre?

Entre le 9 et le 11 octobre 2025, de nombreux pasteurs et responsables de l’Église de Sion ont été arrêtés ou ont disparu dans plusieurs régions du pays.

Interpellé le 17 octobre à son domicile, dans la région du Guangxi (Sud de la Chine), le pasteur Jin fait partie des personnes arrêtées. Contrairement à d’autres responsables chrétiens en Chine, il avait choisi de rester actif et visible malgré l’interdiction du réseau.

Quelques jours plus tard, 16 personnes ont été libérées ou placées sous caution, mais 22 (13 femmes et 9 hommes) restent détenues à la prison de Beihai: 8 pasteurs, 2 ministres du culte et 11 membres de l’Église.

Cette répression semble liée au nouveau «Code de conduite en ligne pour les professionnels religieux», entré en vigueur en septembre, qui interdit la diffusion de contenus religieux en dehors des canaux approuvés par l’État.

3. Quelles sont les accusations à l’encontre des personnes arrêtées?

Le pasteur Jin ainsi que quatre autres personnes ont été officiellement inculpés pour «usage illégal de réseaux d’information». Cette accusation suggère que la forte présence en ligne de l’Église de Sion pourrait avoir déclenché l’opération.

Pour l’instant, seule cette accusation a été confirmée. Cependant, l’ampleur des opérations (perquisitions, saisies, etc.) laisse craindre des poursuites supplémentaires.

Les charges retenues contre les autres détenus n’ont pas encore été rendues publiques.

4. Comment les autres églises en Chine réagissent-elles?

La communauté des églises de maison ressent un mélange de peur, de tristesse et de solidarité. Plusieurs églises influentes ont manifesté publiquement leur soutien à l’Église de Sion.

Des figures publiques, comme l’économiste chrétien Zhao Xiao (connu pour sa théorie selon laquelle le christianisme pourrait contribuer au développement économique de la Chine), ont également réagi. Zhao Xiao a exprimé sa douleur et sa confusion, tout en rappelant aux croyants l’espérance de Romains 13:12:

«La nuit est bien avancée, le jour approche.»

5. D’autres arrestations sont-elles à prévoir?

Probablement. L’affaire de l’Église de Sion est perçue par beaucoup comme un signe du durcissement des mesures envers les églises de maison. L’ampleur et la sévérité des actions menées laissent à penser que d’autres églises non enregistrées pourraient également être visées.

«Depuis 2018, avec le projet de “sinisation des religions” porté par le président chinois, l’espace de liberté religieuse, en particulier pour les chrétiens, n’a cessé de se réduire», explique Juliana (pseudonyme), notre partenaire locale et observatrice pour la Chine. «Les églises de maison peinent à trouver des lieux sûrs pour se réunir. Les cas de détention et d’emprisonnement de responsables et de travailleurs chrétiens ont augmenté. Les enfants mineurs, les enseignants et les groupes universitaires sont soumis à une surveillance accrue et font face à des pressions croissantes, avec le risque de conséquences graves.»

Juliana estime que l’action contre l’Église de Sion montre que le gouvernement chinois surveille de près les espaces virtuels autant que les espaces physiques. Les autorités sont de plus en plus conscientes que les réseaux sur Internet ont, dans bien des cas, remplacé les grands rassemblements physiques.

Quelques semaines auparavant, un autre réseau d’églises de maison avait déjà été la cible d’une opération policière de taille dans l’Est du pays, avec plus de 70 chrétiens arrêtés.