Philip Okumu, âgé 26 ans, et Daniel Wekesa, 39 ans, étaient tous deux instituteurs et chrétiens. Ils sont décédés en tentant d’échapper aux flammes, après l’attaque le 10 octobre de la résidence des enseignants dans le collège Arabia Boys. Le groupe extrémiste islamique Al-Shabaab, filiale somalienne d'Al-Qaida en Afrique de l'Est est soupçonné.

Plus de 20 assaillants ont pris d'assaut l'école vers 1 h du matin. Les 4 réservistes de la police kényane, alors de garde, dépassés, n’ont pas pu y faire face. Selon Olaka Kutswa, commissaire du comté de Mandera, l’attaque était ciblée. Les terroristes ont jeté un engin explosif dans l'une des pièces de la maison où se trouvaient les 4 enseignants pour y mettre le feu.

Les deux autres professeurs ont survécu, mais restent choqués. L'un d'eux Kelvin Lomusi, a eu le visage brûlé après qu'un matelas ait pris feu :

«Je me suis caché entre le lit et le mur. Sortir n'était pas simple, car je craignais qu'ils soient encore là.»

Elijah Nderitu, l'autre survivant, témoigne : 

«Après avoir été témoin de l'attaque et de l'assassinat de mes collègues, je ne peux plus continuer à y travailler.»

Créer un califat en Somalie et au Kenya

Al-Shabaab, la filiale somalienne d'Al-Qaïda en Afrique de l'Est, est suspectée de préparer de nouvelles attaques dans la région frontalière entre le Kenya et la Somalie, et de cibler particulièrement le secteur éducatif dans cette région à majorité musulmane.

Le président kényan, Uhuru Kenyatta, pense que ces attaques visent à créer un califat en Somalie et dans le Nord-Est du Kenya. Certains analystes affirment que l'«élimination» des personnes étrangères à la région, notamment chrétiennes, participerait à cette stratégie.

En juillet 2016 déjà, des islamistes Shebab ont assassiné des chrétiens kényans à Mandera.

En avril 2015, le groupe tuait 149 étudiants du collège universitaire de Garissa.

Les enseignants chrétiens sont régulièrement ciblés

Des enseignants chrétiens travaillant dans le Nord et le Nord-Est du Kenya sont régulièrement les cibles d’attaques. En février, le gouvernement a ordonné le transfert de 108 enseignants non-locaux du primaire et du secondaire hors des zones frontalières instables. 18 d'entre eux ont cependant choisi de rester. Les enseignantes sont obligées de porter le deras (une grande robe) et le hijab (voile).