«Cette attaque est un acte de haine motivé par la religion», s'émeut le Conseil évangélique vénézuélien. Cette déclaration fait suite à l'agression dont ont été victimes 4 chrétiens évangéliques le 17 février dernier. Une attaque qui n'est pas isolée: elle s'inscrit dans une série d'actes violents perpétrés par des gangs et qui visent les chrétiens de diverses obédiences. 

Forcés à manger des pages de la bible

L'un des chrétiens évangéliques agressés témoigne:

«Ils nous ont mis un sac sur la tête et ils ont commencé à nous frapper avec des bâtons et à nous donner des coups de couteau. Ensuite, ils ont enlevé les sacs et ils nous ont forcés à manger des pages de la Bible!»
Un des chrétiens attaqués et hospitalisés.

Gravement blessés à la tête, aux bras et au dos, les victimes ont immédiatement été transférées dans un centre médical. Ces chrétiens fréquentaient tous la même église. Ils faisaient partie du programme «12 hommes de valeur» dont l'objectif est d'aider les personnes victimes d'addictions. Ce n'est donc pas par hasard que les assaillants les ont pris pour cible: quelques jours auparavant, les malfaiteurs avaient demandé une liste des personnes fréquentant ce centre de désintoxication administré par l'église. Le pasteur ayant refusé de la divulguer, ils avaient décidé d'attaquer le centre. Selon le pasteur, les agresseurs appartiendraient à des «groupes» hostiles au travail qu'il effectue auprès des drogués.

Deux prêtres assassinés

Les catholiques ont eux aussi été victimes de l'hostilité croissante des gangs à l'encontre des chrétiens vénézuéliens. D'après l'agence de presse Fides, le 6 janvier 2021, un laïc a été assassiné à Barquisimeto dans le Nord du pays. Il a succombé à ses blessures après avoir été attaqué par un groupe armé qui s'était introduit dans les locaux de l'institut religieux La Salle. 

Quelques mois plus tôt, le 20 octobre 2020, un prêtre catholique avait été abattu à l'entrée de son église à San Carlos. Il a été tué alors qu'il tentait de s'interposer pour défendre un groupe de chrétiens qui allait se faire dévaliser.

Rossane, une partenaire de Portes Ouvertes sur le terrain, commente ces actes criminels:

«Le pays traverse une sévère crise humanitaire, et s'enfonce dans la violence. Le gouvernement prend prétexte de la Covid-19 pour renforcer son contrôle sur la population et étouffer toute dissidence. Les groupes criminels agissent en toute impunité, voire avec la complicité tacite du pouvoir.» 

Dans ce chaos, les églises sont exposées car elles continuent d'agir dans leurs secteurs respectifs pour aider les plus démunis. Si en 2018 et 2019 la menace venait du pouvoir lui-même, aujourd'hui, elle serait plutôt le fait des criminels qui agissent comme son bras armé.