« Les souffrances du peuple centrafricain mais aussi les drames subis par les humanitaires et les forces de maintien de la paix méritent une solidarité et une attention accrues », a déclaré Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, juste avant son arrivée à Bangui hier. Cette visite intervient alors que des accusations de collusion avec des groupes rebelles et d’abus sexuels ont été portées contre une partie des troupes de l’ONU.

Un cri d’alarme

La situation s’est dégradée avec la reprise des violences depuis mai dernier. La population se sent abandonnée. L’insécurité empêche l’aide humanitaire de parvenir aux plus vulnérables. « Ici, il n’y a plus rien maintenant. Dix enfants déjà sont morts de malnutrition », déplore un humanitaire.

Cette année, le nombre de déplacés a grimpé de 50 %. Ils sont 600 000, sans compter les 500 000 Centrafricains qui ont fui vers les pays voisins. Par ailleurs, 400 000 enfants sont déscolarisés. La multiplication des groupes armés a embrasé plusieurs régions du pays et le conflit s’enlise dans une complexité où les chrétiens sont souvent visés.

Le but des chrétiens : la réconciliation nationale

Les responsables chrétiens mettent en garde contre les faux amalgames : « Nous avons toujours refusé d’assimiler les anti-Balaka à des chrétiens. Ce sont des assassins ! Et tous les musulmans ne sont pas des ex-Sélékas », précise Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui.

La cohabitation est possible ! C’est ce qu’a démontré une délégation de cinq pasteurs et d’un imam. Ils ont remis une lettre à Sidiki Abbas, chef d’un groupe armé, en lui demandant de mettre fin aux violences à Koui, dans l’Ouest du pays. « Nous avons toujours vécu en harmonie ici. Ce sont les groupes armés qui créent des tensions entre chrétiens et musulmans. Nous voulons vivre à nouveau ensemble et voir revenir la population déplacée », a déclaré le pasteur Léon Dollet lors de la remise de la lettre. Un exemple porteur d’espoir au cœur du chaos.