Selon l'agence de presse officielle syrienne SANA, un kamikaze affilié à l'organisation terroriste Daech est entré dans l'église Saint-Élie, a ouvert le feu, puis s'est fait exploser avec une ceinture d’explosifs. Le groupe État islamique n’a pas revendiqué l’attaque à ce stade.

D’après l’AFP, le terroriste s’est fait exploser quand des personnes ont tenté d’intervenir alors qu’il avait ouvert le feu sur les paroissiens.

Le décompte final des victimes n'est pas encore établi. L’agence SANA a fait état de 9 tués et 13 blessés, d’autres sources évoquent 22 morts et 63 blessés, dont 13 en état critique.

Condamnation par le gouvernement syrien

Il s’agit de la première attaque suicide contre une église depuis le départ de Bachar el-Assad et la prise de pouvoir des combattants de Hayat Tahrir al-Sham (HTS).

Les forces de sécurité ont engagé une enquête. Le Ministre de l’Information Dr Hamza Al-Mustafa a adressé ses condoléances aux victimes, affirmant: «Cet acte lâche est contraire aux valeurs citoyennes qui nous unissent tous. En tant que Syriens, nous affirmons l'importance de l'unité nationale et de la paix civile, et appelons à renforcer les liens de fraternité entre toutes les composantes de la société».

Lundi, les autorités ont annoncé avoir arrêté 6 terroristes du groupe État islamique qui seraient liés à l'attaque. Un chrétien, préférant rester anonyme, commente: «Notre ancien gouvernement faisait cela: ils annonçaient arrêter quelqu'un après une tragédie, mais souvent c'était faux. Comment faire confiance au nouveau gouvernement?»

Le Président Al Sharaa a aussi exprimé ses condoléances: «Nous adressons nos profondes condoléances et notre compassion aux familles des victimes tuées dans cette explosion criminelle qui touche tout le peuple syrien, et souhaitons le prompt rétablissons des blessés». 

La communauté chrétienne sous le choc

Dans un message publié dimanche soir sur Facebook, le patriarcat d'Antioche a dénoncé «avec la plus grande fermeté ce crime horrible». Le patriarcat demande également aux autorités «d'assurer la protection de tous les citoyens».

Mourad, responsable du travail d'un de nos partenaires locaux en Syrie, partage: «Je ne trouve pas les mots. C'est la dernière chose que les chrétiens attendaient. Des personnes innocentes qui priaient probablement pour leur pays [...] Condamner ce qui s'est passé ne ramènera pas les morts. Le traumatisme qui s'en suit va être très lourd. Nous avons des sentiments confus, de la colère, des questions. Nous pensions qu'avec la fin du régime précédent viendrait une certaine liberté, mais il reste des gens qui ne pensent qu'à tuer. Les chrétiens reçoivent des menaces quotidiennes de fondamentalistes qui leur disent qu'ils seront les prochains...»

Des chrétiens de toutes dénominations se sont réunis lundi dans les églises orthodoxes grecques pour des services de commémoration et de prière pour les blessés et les familles des victimes. Les autorités ont pris des dispositions pour garantir la sécurité de ces cultes. 

Des chrétiens et des musulmans ont aussi manifesté publiquement dans les rues, notamment avec des bougies et des pancartes «Nous sommes unis».

Portes Ouvertes appelle à la prière pour ceux qui ont perdu un être cher, pour la guérison des blessés et pour les communautés chrétiennes, sous le choc de cette terrible attaque.