« Nous sommes heureux que les représentants du gouvernement aient réagi promptement pour annuler cette directive controversée », a déclaré le 29 mars un responsable chrétien de Shillong, la capitale du Meghalaya.

Haro sur le Vendredi Saint !

Dans ce petit État de 3,2 millions d’habitants où la population est à 75 % chrétienne, les protestations ont été vives suite à une circulaire décrétant que le Vendredi Saint serait une journée ordinaire. Cette décision prise le 24 mars émanait du gouvernement de coalition au pouvoir depuis les élections de février, dans lequel le parti nationaliste hindou (BJP) représente la moitié des membres. « Pourquoi les instances nationales donneraient l’ordre d’offenser une communauté dans un État particulier ? », s’offusque Basaiawmoit, ancien vice-président du Conseil national des Églises de l'Inde, qui discerne dans cette affaire une manœuvre du parti hindouiste.

Le gouvernement se rétracte

Dès la diffusion de la circulaire par une société de télécommunication le 24 mars, Basaiawmoit a écrit une lettre aux principaux responsables gouvernementaux en demandant « pourquoi les chrétiens seraient privés de la liberté religieuse garantie par la Constitution, et pourquoi créer du ressentiment ». Pendant ce temps, les dirigeants d’un parti politique (KHNAM) ont rencontré le directeur de la société de télécommunication pour obtenir des éclaircissements. « Nous nous opposons à ce que le Vendredi Saint soit désigné ouvrable. Cette décision va à l’encontre des chrétiens et de la Constitution », ont-ils déclaré lors d'une conférence de presse le 26 mars. Le lendemain, le gouvernement se rétractait. Basaiawmoit prévient : « Cet épisode montre le danger que représente le BJP au pouvoir. Nous devons être en état d'alerte. » En 2017, le gouvernement fédéral dirigé par le BJP avait choisi le Vendredi Saint pour lancer la " Journée de l'Inde numérique ". L’Inde affiche sa volonté d’éradiquer les chrétiens d’ici 2021.

Si le temps de Pâques est choisi pour attaquer ou discriminer les chrétiens, c’est aussi un temps où ils s’unissent pour proclamer leur foi et leur identité, en Inde, en Irak et dans d’autres pays où ils sont minoritaires.