Dans une déclaration datée du 8 novembre, l'Alliance interconfessionnelle des chrétiens de Cuba a demandé au gouvernement «que chaque mouvement religieux de l'île puisse exercer son droit d'association, en obtenant un statut légal et la protection de la loi». Les Églises cubaines ont aussi réclamé «la libération de tous ceux qui sont emprisonnés pour avoir exercé» ces droits. Cette lettre intervient à un moment où les chrétiens de Cuba sont confrontés à l'opposition croissante des autorités.

Une hostilité croissante

À la suite des manifestations de 2021, le régime a intensifié la répression à l'encontre de toute personne semblant se ranger du côté de l'opposition. Y compris les dirigeants et les militants chrétiens. «Cette situation n'a pas changé en 2023», commente une analyste de Portes Ouvertes International. Selon elle, «la répression des voix dissidentes s'est systématiquement accrue.» Deux exemples parmi d’autres: en avril 2022, le pasteur Lorenzo Rosales Fajardo a été condamné à sept ans de prison après avoir participé à l'une des marches de protestation. Plus récemment, un bénévole de Portes Ouvertes a été harcelé et interrogé pour avoir prétendument aidé des membres d'une «organisation terroriste.»

Le pasteur Fajardo et sa famille.

D’après nos analystes, «quand des responsables d'églises ou des militants chrétiens critiquent le régime, ils sont confrontés à des arrestations, des campagnes de diffamation, des restrictions de mobilité, des peines de prison et/ou du harcèlement de la part du gouvernement et de ses sympathisants.»

Violations de la liberté religieuse

Le gouvernement tente également de contrôler l'Église en rendant l'enregistrement de nouvelles communautés presque impossible. Ce qui oblige de nombreux chrétiens à se réunir illégalement. Si ces réunions sont découvertes, les églises peuvent s'attendre à des sanctions allant de l'amende à la confiscation, la fermeture et/ou la démolition des bâtiments. Quant aux chrétiens, ils sont étroitement surveillés.

Un de nos partenaires résume la situation: 

«Il y a beaucoup de travail à fournir et de nombreux défis à relever, car nous sommes constamment assiégés par le gouvernement.»

Rien qu'en 2022, plus de 1.000 incidents impliquant des violations de la liberté religieuse ont été enregistrés. L'année dernière, le département d'État américain a désigné Cuba comme un «pays particulièrement préoccupant» pour avoir commis ou toléré de graves violations de la liberté de religion. D'où la progression de Cuba dans le classement de l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens ces dernières années: il ne figurait pas dans les 50 premiers depuis 2013, avant d'entrer directement à la 37ème place en 2022 et devenir n°27 en 2023. Cette regrettable progression devrait être confirmée en 2024.