Le Mali est monté de 13 places dans l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens, passant du rang 37 en 2018 au rang 24 en 2019. C'est l'extrémisme islamique qui est le principal mécanisme de persécution dans ce pays. Un extrémisme islamique qui attise maintenant les haines interethniques entre les Peuls et les Dogons. Les chrétiens en ressentent largement les effets.

Sept ans après l'insurrection de 2012, le Mali est de nouveau confronté à une vague de violence et de réfugiés au Centre du pays. Il s'agit d'un conflit entre les ethnies Peule et les Dogons qui aurait déjà fait 500 morts selon l'ONU. Les zones où la situation est la plus critique se situent entre San dans la province de Ségou et Koro dans la province de Mopti.

Un conflit ethnique attisé par les djihadistes

Au premier abord on pourrait penser qu'il s'agit d'un conflit ethnique ayant pour unique origine l'accès aux ressources (terres, eau, bétail...). Oui, mais pas seulement. Si cette lutte pour l'accès aux ressources est bien réelle, comme dans le conflit entre les nomades Peuls et les fermiers chrétiens au Nigéria, elle ne constitue pas l'unique cause du conflit. 

En effet, nos sources s'accordent pour dire que la méfiance entre les Peuls et les Dogons a été alimentée par les efforts de recrutement d'Al-Qaïda au sein du peuple peul. Les organisations terroristes ont enflammé les tensions ethniques de longue date, pour profiter de l'instabilité qu'elles sèment, en recrutant parmi les populations qui sont particulièrement vulnérables.

«Les Dogons sont exaspérés par les nombreuses incursions djihadistes dans des zones autrefois pacifiques pour imposer la charia, et se sont organisés en milices locales de défense (nommées donzo) pour assurer leur propre sécurité. Mais ces milices traquent et tuent sans discrimination des hommes, des femmes et des enfants peuls qu'elles prétendent être à l'origine des troubles dans le Centre et l'Est du pays», rapportent nos contacts dans le pays.

Des chrétiens parmi les réfugiés

On compte 425 000 chrétiens au Mali, un peu plus de 2% de la population. Ils sont disséminés sur tout le territoire mais se concentrent plus au Nord. Eux aussi vivent souvent dans des conditions précaires à cause des violences djihadistes qui les empêchent de mener à bien leur activité principale: l'agriculture. 

Leur solution est parfois de se déplacer, en quête d'aide. Des pasteurs locaux ont relaté que «le nombre de personnes déplacées par la guerre augmente de jour en jour. Ces populations sont généralement des agriculteurs ou des éleveurs, qui sont maintenant forcés de fuir la violence et de trouver refuge dans les zones du Sud, ou à Bamako.»

Les églises tentent d’apporter leur aide

L’Église malienne se sent investie non seulement pour son pays, mais aussi pour ses membres. Elle tente donc de suivre les chrétiens dans les régions où ils se sont enfuis. Dans les zones touchées par les combats, les décès et les déplacements sont enregistrés quotidiennement. Dans le district de Koro, les églises accueillent les réfugiés chrétiens. Le pasteur François Yorou, président du district de Koro explique: 

«Ils  viennent à nous complètement dépouillés, souffrant de la famine et du manque de vêtements. Nous faisons de notre mieux par solidarité pour les accueillir.»