Plus de 260 personnalités religieuses ont été expulsées du Nicaragua entre 2018 et 2025, selon une ONG nicaraguayenne exilée. Ces expulsions font suite à l’hostilité croissante du président Daniel Ortega et de sa femme Rosario Murillo, coprésidente, à l’encontre de l’Église catholique.

«Au moins 261 responsables religieux ont été bannis à la suite de la répression exercée contre l’Église catholique au Nicaragua», note ainsi l’ONG Colectivo Nicaragua Nunca Más dans un document intitulé La foi sous les coups de feu.

Parmi les personnes expulsées, on compte l’évêque Carlos Enrique Herrera, président de la conférence épiscopale nicaraguayenne, trois autres évêques, un nonce apostolique et plus de 140 prêtres issus des diocèses de tout le pays. La liste inclut également plus de 90 religieuses, une douzaine de séminaristes et quelques diacres.

Le document indique également que plus de 5.500 ONG et associations ont été fermées ou dissoutes, dont près de 1.300 institutions religieuses: églises, écoles, séminaires, universités, dispensaires, associations humanitaires…

Criminalisation des pasteurs

Selon le rapport, la persécution cible spécifiquement les catholiques, mais atteint tous les chrétiens et défenseurs des droits humains.

Il est question de disparitions forcées, de «criminalisation des pasteurs évangéliques», du contrôle par l’État des activités religieuses. Le rapport cite tout particulièrement la détention du pasteur Rudy Palacios comme une atteinte aux droits humains et à la liberté religieuse.

La persécution anti-chrétienne au Nicaragua date de 2018, quand des manifestations de masse ont été organisées contre le Président. L’Église catholique avait alors défendu les droits humains et missionné de nombreux médiateurs.

Selon les termes du rapport La foi sous les coups de feu, depuis 2018, le gouvernement de Daniel Ortega «considère les institutions religieuses comme des menaces directes pour son pouvoir. En refusant de prendre parti pour le gouvernement et en se tenant aux côtés de la population civile, l’Église a provoqué l’hostilité du régime.»

 Ainsi, la tension est à son comble entre Managua et le Vatican. En 2023, le Pape François a qualifié le Nicaragua de «dictature» tandis que le gouvernement du pays traitait l’Église catholique de «mafia» avant de dissoudre l’ordre des Jésuites.

Le 10 octobre 2025, le Pape Léon XIV a reçu une délégation de l’ONG Aide à l’Église en détresse à laquelle il a adressé ce message:

«Puisque nous ne sommes qu’une seule famille en Christ, nous n’abandonnons pas nos frères et sœurs persécutés.»

Le Pape a poursuivi: «Au contraire, nous nous souvenons d’eux, nous les soutenons et nous travaillons pour garantir les libertés que Dieu leur a accordées.» Puis il a ajouté: «La liberté religieuse n’est pas un simple droit légal ou un privilège accordé par les gouvernements.»

«C’est la condition fondamentale qui rend une véritable réconciliation possible.»