Priya (pseudonyme), une mère de cinq enfants, a perdu son mari il y a quelques mois. Quand elle est devenue veuve, sa propre mère a investi toutes ses économies pour l’aider à lancer un petit commerce de fruits et légumes, afin que Priya et ses enfants puissent subvenir à leurs besoins. Mais depuis que le commerce a ouvert, personne dans le village n’a voulu venir y acheter quoi que ce soit. Pourquoi? Parce que Priya est chrétienne.

Dans ce village côtier de l’État d’Andhra Pradesh, les communautés hindoues et chrétiennes ont vécu en paix pendant des décennies… jusqu’à ce que l’idéologie hindutva s’y répande. Pour ce mouvement politisé extrémiste, un citoyen indien doit être hindou. Sinon, il n’est qu’un citoyen de seconde zone ou un traître.

Amende de 5.000 roupies

Dans le même temps, la communauté hindoue a décidé de construire un nouveau temple pour la déesse locale. Chaque famille doit y contribuer financièrement. Mais une centaine de familles chrétiennes, dont celle de Priya, ont refusé. Depuis, elles sont complètement ostracisées par les autres villageois. Chaque hindou qui adresse la parole à un chrétien doit payer une amende de 5.000 roupies (48 euros). Les chrétiens n’ont plus le droit de participer aux mariages ni aux funérailles.

Les villageois vivent habituellement de la pêche et tous partagent les mêmes entrepôts pour stocker les poissons avant de les vendre. Mais désormais, les chrétiens n’ont plus accès à la mer pour leurs activités de pêche et n’ont plus le droit de stocker leurs poissons dans les entrepôts communs.

Boycott et tribunal

Plus aucun commerçant hindou n’accepte de vendre ses produits aux chrétiens, les forçant à s’approvisionner dans d’autres villages beaucoup plus éloignés. Et les hindous refusent d’acheter quoi que ce soit aux commerçants chrétiens.

«Depuis que le village a décrété ce boycott, j’ai perdu mon commerce. Cela me brise le cœur.» — Priya

La communauté chrétienne a fait appel aux autorités civiles et à la police pour résoudre la situation. Les responsables politiques ont encouragé les deux parties à se mettre autour de la table pour négocier. Mais les chefs hindous du village ont refusé. Avec l’aide d’un avocat chrétien, les villageois boycottés ont alors porté plainte auprès du tribunal. La décision de justice n’a pas encore été rendue.