En Thaïlande depuis 2012, la pression contre les demandeurs d'asile s'est largement intensifiée. Ils sont nombreux, plus de 10 000, à venir du Pakistan.

Le 9 octobre, une centaine de chrétiens pakistanais ont été arrêtés et envoyés dans des centres de détention pour immigrants. Aujourd’hui, ils ont peur, se cachent ou partent.

Demandeurs d’asile, les chrétiens pakistanais sont condamnés à restés enfermés, à se cacher des autorités, sous peine d’être arrêtés. Ils sont isolés et ne peuvent pas assister aux offices religieux.

C’est ce qui est arrivé à Bittu, un jeune de 15 ans, interpellé par la police thaï. Pour sa libération, son père devait payer la modique somme de 50 000 bahts (environ 1300 €). Seul problème : ils sont sans-papiers et sans argent.

Pour ceux qui restent sur place, l’aide s’organise

Le jeune Bittu n’est pas allé en prison. Son père raconte:

«Heureusement, quelques Thaïlandais sont intervenus, utilisant leurs relations, et l’ont ramené sans avoir à payer de pot-de-vin.» 

Grâce à certaines personnes bien intentionnées, les chrétiens pakistanais obtiennent un peu d’aide : 

  • Mamma, une femme courageuse, a caché environ 8 familles chrétiennes, dont celle de Bittu, pendant plus de 2 semaines. Grâce à l’organisation mise en place par Mamma, la mère de Bittu peut partir travailler comme baby-sitter, mais toujours dans la crainte d’être vue et arrêtée.
    • Mamma héberge aussi Samson Rehmat, 48 ans, son épouse et leurs 2 enfants. L’homme a subi 2 accidents vasculaires cérébraux depuis son arrivée en Thaïlande en 2013. Sa femme fait tout pour subvenir aux besoins de la famille. Elle a contracté une dette auprès de ses collègues pour les soins de son mari qui ne se résument aujourd’hui qu’à un peu de lait et des produits d'hygiène.
    • Maqsood Iqbal a 54 ans et se rend au centre de détention tous les jours depuis l’arrestation de sa femme en 2014. Il lui apporte de la nourriture mais pas seulement à elle... il fait en sorte d’en fournir aussi à d’autres détenus. 
    • Shunila Ruth, membre chrétienne de l'Assemblée nationale du Pakistan, a écrit au Premier ministre Imran Khan le mois dernier: «J'en appelle humblement au cabinet du Premier ministre pour qu'il apporte une aide humanitaire à ces Pakistanais en détresse.»

    Des centres de détention où l’on peut trouver la mort

    Les centres de détention pour immigrants ont l’allure de prisons. Dans une seule cellule peuvent être casées plus de 100 personnes, femmes, personnes âgées et enfants compris. Et en cas de maladie, les chrétiens pakistanais ne peuvent pas vraiment compter sur l’aide des autorités. Ces dernières années, au moins 5 chrétiens seraient morts dans ces centres.

    Ils ont commencé à arriver à Bangkok en quête d’un espoir : obtenir le statut de réfugié auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies.

    Le 28 août, 181 réfugiés et demandeurs d'asile issus de minorités ethniques du Vietnam, dont beaucoup de chrétiens, ont été arrêtés près de Bangkok.

    Aujourd’hui, il y a environ 400 familles chrétiennes pakistanaises en Thaïlande. 380 chrétiens pakistanais seraient détenus dans des centres de détention pour immigrants, dans des conditions déplorables. Les migrants ont fui après les incendies d’une centaine de maisons chrétiennes dans la ville pakistanaise de Gojra en août 2009. 7 chrétiens y ont perdu la vie.