Dans la soirée du 4 août, Bakhit Aziz Georgi attendait ses derniers clients de la journée, dans son petit magasin. Quand soudain, un homme masqué et armé d’une kalashnikov pénètre dans l’échoppe. Il pointe alors son arme en direction de Bakhit et force le vieil homme à le suivre. Un deuxième homme saisit Bakhit par le bras et l’entraîne dans la rue.

Dehors, Youssef Samaan Girgis, le neveu de Bakhit, voit son oncle forcé de monter dans un pick-up. Le jeune père de famille, âgé de 35 ans, se dirige alors vers les ravisseurs et les supplie d’arrêter. À ce moment-là, les hommes en armes lui demandent sa carte d’identité. Sur toute carte d’identité égyptienne est indiquée la religion de son possesseur. Or, Youssef est chrétien. A son tour, il est embarqué de force dans le pick-up!

La scène n’a pas échappé à la fille de Bakhit, Mariam. La jeune fille de 21 ans raconte:

«Quand j’ai vu mon père monter dans ce pick-up, j’ai supplié les kidnappeurs de relâcher mon père!»

Elle ajoute: «Ils m’ont sèchement répondu: "Non!" J’ai dit à mon père:  "Sors de ce véhicule!"», mais il m’a pressée de rentrer dans la maison. Il y avait d’autres personnes dans la rue mais personne ne m’a aidée. Je ne pouvais rien faire d’autre que de pleurer.»

La famille de Bakhit déjà touchée par un enlèvement en 2016

Toute la scène a été filmée et enregistrée par les caméras de surveillance du magasin. L’un des fils de Bakhit, Ramzy, a visionné la vidéo mais il n’a pas reconnu les agresseurs.

«Ce ne sont pas des gens du village. Nous sommes la seule famille chrétienne du village et nous avons toujours vécu en paix avec nos voisins musulmans», explique Ramzy.

Plusieurs incidents de ce type, visant des chrétiens, ont eu lieu en Égypte. La famille de Bakhit a d’ailleurs déjà été la cible d’un tel acte. En juillet 2016, l’un des fils de Bakhit, Osama, a été kidnappé. Il n’a plus jamais été revu depuis.

«Quand Osama a été kidnappé, nous avons senti que nous étions en danger, mais mon père a toujours refusé de quitter la région tant qu’Osama ne nous aura pas été rendu», ajoute Ramzy.

La police ne fait toujours rien

Lorsque Osama avait été enlevé, la police n’avait rien fait pour enquêter sur sa disparition. L’un des membres de la famille, qui a souhaité rester anonyme, pense que cette inaction de la police a conduit les ravisseurs à récidiver.

«Rien n’a été fait pour les rechercher», déplore cette personne. «Si la police avait agi lors du premier kidnapping, le deuxième n’aurait jamais eu lieu. Et si la police ne fait toujours rien pour ce nouvel incident, d’autres chrétiens risquent d’être kidnappés à leur tour.»

Youssef a été retrouvé vivant, le 20 août. Mais Bakhit et Osama sont toujours introuvables. La famille s’inquiète beaucoup pour eux, d’autant que Bakhit est diabétique et qu’il n’a pas ses médicaments.