Plusieurs incidents récents témoignent de la profonde insécurité dans laquelle vivent les chrétiens du Bangladesh. Dans le Sud-Est du pays, le 6 avril, 8 chrétiens de la tribu de Bawn ont été tués par un groupe armé. La tribu était en train de préparer les fêtes de Pâques. Depuis, beaucoup de villageois ont fui ou se cachent dans la forêt. Ils sont environ 270 personnes de 80 familles à vivre dans la peur constante.

Plus récemment, le 27 avril, deux bâtiments d’église ont été détériorés dans la ville d’Anandapur, près de Dhaka, la capitale. Un jeune extrémiste musulman s’en est d’abord pris au portail et à la croix d’une première église. Avant de s’attaquer à une deuxième, tout en insultant verbalement les chrétiens qui s’y trouvaient.

Une attaque préméditée  

Les parents du jeune agresseur sont rapidement intervenus pour mettre un terme à ses agissements, prétendant que leur fils souffrirait d'une maladie mentale. Une excuse qui n’a pas convaincu les forces de l'ordre, qui ont arrêté le jeune homme. Malgré l’intervention des parents de l'agresseur et de la police, les chrétiens sur place ont peur. Certains sont même paniqués à l’idée que leur sécurité ne soit pas assurée. Quant à la maladie mentale de l'agresseur, le pasteur n’y croit pas une seconde: «C’est juste une excuse!» Il précise: 

«Ce qui s’est produit n’est pas le fruit du hasard, c’était intentionnel et prémédité.»

Le pasteur poursuit: «Sans préméditation, qui irait détruire la croix de deux églises? Quelqu’un l’a influencé et l'a poussé à agir ainsi.»

Agressé, puis placé en garde à vue

Une semaine plus tôt, dans le nord du pays, un évangéliste d’arrière-plan musulman, membre de l’Église Emmanuel du Bangladesh, s’est fait attaquer par une foule en colère. Afzal Hosen, 36 ans, était en train de distribuer de la littérature chrétienne sur un marché vers 15h. Un responsable musulman, appelé «maulvi» dans sa communauté, s’est rendu compte de ses activités et a incité les gens présents à le harceler. La foule s’est alors saisie du chrétien, l’a giflé et attaqué... avant de le traîner au commissariat de police pour porter plainte contre lui! Les agresseurs n'ont pas été punis mais Afzal a été incarcéré et placé en garde à vue plusieurs heures. Il a finalement été libéré vers 22h, sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui. 

Malgré tout, Afzal, marié et père d'une fillette de six ans, reste terré chez lui: il est terrorisé à l’idée que ce genre de violence puisse désormais atteindre sa famille. 

Extrémisme islamiste et impunité

Ces événements récents ne sont que la continuation d’une longue liste de faits de persécution anti-chrétienne au Bangladesh. Ce pays, à 90 % musulman et 9 % hindou, est classé à la 30ème position de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens. Le pouvoir en place, pourtant très autoritaire, ne parvient pas à contrôler les extrémistes islamistes, qui s’en prennent aux minorités chrétiennes en toute impunité. 

Récemment, comme nous l’indiquions dans notre Fil Rouge du 17 mai, Jahid, musulman secrètement converti a été mis à la rue par ses oncles, quand ils ont découvert sa foi chrétienne. Devenu SDF, il a aujourd’hui trouvé refuge dans l’ancienne école de ses enfants. Mais il refuse que ses amis chrétiens lui rendent visite. Ceci par peur de nouvelles représailles de la part de sa famille, qui n'a pas accepté sa conversion. Un exemple de plus qui illustre le climat d'insécurité dans lequel les chrétiens doivent vivre leur foi. Des fidèles qui malgré la violence de ce qu'ils subissent, prient pour le salut de leurs persécuteurs. 

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