
Alors que le Myanmar (Birmanie) entre dans la cinquième année d’un conflit de plus en plus violent, aucune solution —même un cessez-le-feu— ne semble en vue. Autrefois surnommé «la terre dorée», le pays est aujourd’hui ravagé par la guerre, avec des millions de vies déplacées et détruites. La population aspire à la paix et à la liberté face à l’oppression et à la tyrannie.
Depuis le coup d’État militaire de février 2021, les combats ont non seulement continué, mais se sont intensifiés dans de nombreuses régions du Myanmar. Face à une violence croissante, la junte militaire au pouvoir a eu recours à des attaques aériennes et des frappes de missiles. Les groupes de résistance ont lancé une vaste insurrection baptisée «Opération 1027», qui a permis de reprendre le contrôle de certaines zones aux militaires.
Cependant, les forces gouvernementales sont loin d’être vaincues, et leurs restrictions sur les libertés et les ressources se renforcent. Le gouvernement militaire impose la loi martiale et limite les rassemblements dans tout le pays. La censure touche les actualités, l’Internet, les réseaux sociaux et les télécommunications, de sorte que l’information qui circule reste favorable à la junte, rendant difficile la confirmation de l’ampleur de la guerre en cours et de la souffrance de la population.
Les chrétiens ciblés par les militaires
Les forces gouvernementales continuent d’attaquer des villages chrétiens et des églises, tuant des travailleurs humanitaires et des pasteurs chrétiens, tout en laissant intactes la plupart des monastères bouddhistes. La destruction complète d’un village avec 400 maisons et cinq églises dans l’État Chin, en avril 2024, n’est qu’un exemple parmi d’autres. La communauté internationale a vu d’un œil encourageant la libération, lors de l’amnistie traditionnelle du festival de Thingyan, de plus de 3 000 prisonniers. Parmi eux figurait le pasteur baptiste Dr. Hkalam Samson, malheureusement arrêté de nouveau dès le lendemain, avant d’être finalement relâché en juillet 2024.
Des églises bien établies issues des communautés chrétiennes historiques ont été attaquées dans les États à majorité chrétienne (Chin, Kachin, Kayah) ainsi que dans des États où les minorités chrétiennes sont importantes (Karen et le nord de l’État Shan). Dans ces conditions, les chrétiens déplacés doivent vivre dans des camps pour personnes déplacées internes, se réfugier dans des églises ou fuir dans la jungle, où ils manquent de nourriture et de soins. Depuis le début de la guerre civile, environ 2,8 millions de citoyens du Myanmar ont été déplacés, signe fort de l’escalade du conflit en intensité et en brutalité.

Le pasteur Mun (pseudonyme) témoigne de la gravité de la situation. À cause de la guerre, il a dû fuir sa ville natale dans l’État Chin. «Nous devons quitter nos maisons pour notre sécurité. Nous ne pouvons plus aller dans nos églises, dit-il. Les églises sont également prises pour cibles. Certains fuient vers les villes, d’autres vers des villages voisins ou la jungle.»
Une autre croyante déplacée de l’État Kayah, Moe Moe (pseudonyme), a partagé son histoire avec un partenaire de Portes Ouvertes: «Je vous suis tellement reconnaissante d’être ici et d’écouter mon histoire, dit-elle. Cela fait longtemps que quelqu’un ne s’est pas soucié de notre sort.»
«Quand nos églises et nos maisons ont été visées par des tirs et des bombes, nous avons dû fuir. Nous avons été déplacés plusieurs fois, et c’est très difficile de toujours devoir fuir. Chaque jour, nous devons lutter pour survivre.»
Moe Moe et son mari ont suivi une formation de préparation à la persécution organisée par des partenaires de Portes Ouvertes. «Le pasteur David (pseudonyme) a fait un long et difficile voyage pour venir nous enseigner la vision biblique de la persécution, raconte-t-elle. Nous avons appris ce que dit la Bible sur la persécution et comment y répondre. C’était une nourriture spirituelle bienvenue.»
L’enrôlement obligatoire inquiète les jeunes
Depuis février 2024, l’armée a instauré un décret imposant le service militaire. Craignant d’être enrôlés, de nombreux jeunes —hommes comme femmes— ont fui vers les pays voisins.
Dan (pseudonyme), un jeune chrétien, a été appelé par l’armée. Il vivait avec sa famille dans une région à majorité bouddhiste, partageant l’Évangile et aidant d’autres croyants à grandir dans leur foi. «Quand j’ai appris que mon nom figurait sur la liste des appelés, j’ai été choqué et effrayé, raconte-t-il. Pendant deux semaines, je n’ai pas pu dormir ni manger correctement. J’ai dû quitter ma maison et me cacher ailleurs. Comme je ne peux pas quitter le pays, je prie pour ma sécurité et vis une vie discrète.»

Ceux qui n’ont pas les moyens de fuir sont souvent contraints de rejoindre les Forces de Défense Populaires (PDF) ou de tenter leur chance sur des routes dangereuses, franchissant illégalement des frontières internationales. Dans ce contexte, quelques chrétiens issus de minorités ethniques s’engagent dans des groupes armés. Pour répondre à ces défis, les partenaires de Portes Ouvertes continuent de former les jeunes chrétiens à travers des programmes de disciples, malgré les restrictions et les menaces.
Une persécution accrue pour les convertis
L’opinion des moines bouddhistes est partagée sur le coup d’État, mais certains extrémistes soutiennent fermement les militaires. Dans les zones très conservatrices, la vie des chrétiens est particulièrement difficile car ils peuvent être privés de ressources de base comme l’accès à l’eau. Les églises évangéliques et charismatiques, surtout en zone rurale, font face à de fortes oppositions, notamment lorsqu’elles évangélisent les non-chrétiens.
Mei Mei (pseudonyme), issue d’un milieu bouddhiste, a accepté Jésus et ce choix lui a coûté cher. Elle a perdu son emploi et le logement fourni par son employeur. Elle et ses amies écoutaient en secret le pasteur John (pseudonyme) parler de Jésus dans l’usine. Lorsque le patron a découvert sa conversion, il l’a frappée devant les autres ouvriers, puis l’a expulsée, elle et son mari, de l’usine. Malgré tout, Mei Mei reste ferme dans sa foi et continue à s’attacher à Jésus-Christ, son Sauveur.

Des chrétiens comme le pasteur John continuent de partager l’Évangile et l’amour de Jésus-Christ à ceux qui ne l’ont jamais entendu. Nombreux sont ceux qui, malgré les dangers, poursuivent leur service au sein de l’Église, même en zones de guerre.
Dans les zones plus sûres, les chrétiens poursuivent leur culte malgré les restrictions des autorités, cherchant à maintenir leur lumière allumée. Dans les zones de guerre, les croyants adorent Dieu là où ils le peuvent, essayant de ne pas laisser leur foi s’éteindre. Les partenaires de Portes Ouvertes les soutiennent par la prière, la communion fraternelle et une aide matérielle concrète.