Le général Soleimani, tué en janvier 2020 lors d'une frappe américaine, était le chef de la Force Qods, unité d'élite des Gardiens de la révolution. C'est l'armée idéologique de la République islamique, un organisme également chargé de surveiller et de réprimer les Iraniens qui se convertissent au christianisme. 

Lutter contre toute influence étrangère

Force armée à part entière pendant la guerre Iran-Irak, le rôle des Gardiens de la révolution était de défendre les frontières du pays. Avec la fin de la guerre, leur fonction a évolué. 

  • Sur le plan extérieur, leur objectif est d'imposer leur vision chiite de l'islam à tout le Moyen-Orient en soutenant notamment le Hezbollah au Liban et le Hamas dans la bande de Gaza.
  • Sur le plan intérieur, ils sont chargés de lutter contre tout ce qui est perçu comme une menace par le pouvoir, contre toute influence étrangère. Une catégorie qui regroupe aussi bien les réformistes et les libéraux politiques que les chrétiens.

Carte blanche aux Gardiens de la révolution pour «régler le problème des églises de maison»

En 2010, Ali Khamenei, le dirigeant suprême de l'Iran, déclare que le nombre croissant de chrétiens qui se réunissent en églises de maison constitue une menace contre l'État. Il donne alors carte blanche aux gardiens de la révolution afin qu'ils «règlent le problème». Il s'en suit une décennie de raids violents contre ces églises souterraines lors desquels des centaines de chrétiens sont arrêtés pour être interrogés.

Les chefs d'accusation portés contre eux sont sévères: atteinte à la sécurité nationale. Les peines prononcées peuvent aller jusqu'à 10 ans de prison. Beaucoup ont été écroués, certains ont fini de purger leur peine, d'autres sont toujours privés de liberté et certains ont choisi de fuir le pays. On estime qu'aujourd'hui une vingtaine de chrétiens sont derrière les barreaux à cause de leur foi. 

Les chrétiens des églises historiques ont le droit de fréquenter des églises mais ils sont considérés comme des citoyens de seconde zone, étroitement surveillés, et ils ont interdiction de parler de leur foi aux autres iraniens. Les musulmans qui deviennent chrétiens n'ont pas le droit de fréquenter  une église et leur vie est constamment menacée.

Une bible=pièce à conviction

Une photographie publiée par les Gardiens de la révolution iraniens, montrant certains des objets confisqués.

En juillet 2017, les Gardiens de la révolution ont publié sur leur site une photo montrant, entre autre, des cartons de bibles et de CD de louange. Il était stipulé, sans plus de détails, que ces objets avaient été confisqués lors de raids perpétrés dans des églises de maison.

On peut alors se demander :

Pourquoi une institution militaire a pour responsabilité d'agir contre les églises et pourquoi elle se vante ainsi d'arrêter des chrétiens et de confisquer leur matériel religieux?

Pourquoi un gouvernement stable se sentirait-il menacé par des exemplaires du Nouveaux Testament?

Et enfin, comment l'Iran, signataire de plusieurs textes garantissant les droits humains, peut-il prétendre respecter le droit à la liberté religieuse et présenter de la littérature chrétienne comme preuve à conviction d'activité criminelle?

Un rapport sorti en janvier 2020 met en évidence le rôle des Gardiens de la révolution, organe étatique, dans la persécution des chrétiens iraniens, et confirme donc l'analyse des spécialistes de Portes Ouvertes qui ont placé l'Iran au 9e rang des 50 pays où les chrétiens sont les plus persécutés.