Dans ce royaume bouddhiste, ceux qui s’en prennent aux chrétiens agissent en toute impunité.
Petit pays coincé entre deux géants, la Chine et l’Inde, le Bhoutan est une monarchie constitutionnelle depuis 2008. Le roi garde le pouvoir décisionnel ultime. En quelques dizaines d’années, le pays est passé d’un isolement presque total à une ouverture sur l’extérieur afin de se moderniser. Pour le gouvernement, tous les citoyens sont bouddhistes et il faut tout faire pour préserver l’héritage bouddhiste du pays.
La plupart sont issus de la minorité népalaise. Il existe une minorité de catholiques romains mais la majorité des chrétiens fréquentent des églises protestantes non traditionnelles (pentecôtistes).
Tout Bhoutanais se doit d’être bouddhiste, quiconque opte pour le christianisme est considéré avec suspicion; pour une question d'honneur, son entourage mettra tout en œuvre pour le faire revenir à sa religion d’origine. Les chrétiens sont étroitement surveillés par l’État et subissent des pressions de la part des chefs religieux, de la communauté locale et de leur famille. Ils se heurtent à des tracasseries administratives au quotidien: les autorités locales refusent souvent de leur délivrer «le certificat de non-objection», document nécessaire pour demander un prêt, faire enregistrer un bien, postuler à un emploi ou faire refaire ses papiers d’identité. Ils ne peuvent se réunir légalement car aucune église n’est officiellement reconnue par l’État.
La vie ecclésiale reste difficile alors qu’aucune église n’est reconnue officiellement. Si le gouvernement affirme que la pratique religieuse est possible pour les groupes non-enregistrés, dans les faits, les rassemblements chrétiens sont interrompus par les habitants et leur légalité se trouve remise en question par les autorités locales.
Dans les zones rurales, les moines bouddhistes s’opposent davantage à la présence chrétienne, sachant qu’ils auront le plus souvent l’appui des autorités. La fusion du chamanisme et du bouddhisme renforce la pression sur les chrétiens, notamment dans le Centre et l’Est du pays.
Les missionnaires jésuites ont introduit le christianisme au Bhoutan en 1626 mais il n’a pas réussi à s’implanter. En 1963, dans son effort pour moderniser le pays, le roi a invité un prêtre jésuite canadien pour mettre au point un système scolaire en langue anglaise, c’est ainsi que le christianisme est revenu dans le pays.
Musulmans, hindous. Toute expression publique d’une religion autre que le bouddhisme est interdite.