Le pasteur Samphel (40 ans) vient d’un milieu bouddhiste. C’est son cousin chrétien qui l’a conduit à connaître Christ. Après une formation à Bangalore (Inde), Samphel a commencé son ministère pastoral au Bhoutan en 2000, dans la capitale Timphu. Mais les réactions n’ont pas tardé. Il a vécu 4 types de persécutions en raison de son engagement chrétien. 

«Il m’a été facile d’accepter Jésus. Mais vivre ouvertement ma foi a eu un prix.»

Persécution de la part de la famille et des proches

C'est sans doute une des pires épreuves expérimentée par les chrétiens persécutés : être rejeté par ses proches. «Un après-midi, mon frère aîné est venu à l'église. Il m'a frappé devant tout le monde. Il m'a craché dessus, me demandant de retourner dans mon village. Mais je suis resté fort et j'ai continué mon ministère», se souvient Samphel.

Alors Samphel est parti dans une autre région du Bhoutan. Faute de bâtiment d'église, sa maison servait de lieu de rencontre. Il a aussi ouvert une boucherie qui l’a aidé à couvrir ses activités d’évangélisation. Mais un jour il est dénoncé et la police le convoque. On lui demande s’il est impliqué dans le ministère chrétien. Samphel raconte : «Je leur ai dit : oui, je suis impliqué dans le ministère chrétien. Mais il est très petit. Comme je connaissais l’officier, il m’a laissé partir.»

Persécution des enfants de la communauté

Lors du «Rimdro» (un rituel annuel obligatoire), les enfants se prosternent devant des statues bouddhistes. En 2011, une élève chrétienne a refusé. Les parents d’une dizaine d’enfants chrétiens ont été appelés par le directeur.  «Il a dit que nos enfants avaient désobéi. Nous avons répondu que nous ne voulions pas aller à l’encontre des traditions culturelles de notre pays, mais qu’en ce qui concerne la religion, personne ne devait être forcé. Le directeur a pris cela comme une provocation.»  Les choses ont empiré. 

«Les enfants chrétiens ont été appelés devant toute l'école, et le directeur a versé de l'eau sur eux en disant que c'est ainsi que les chrétiens sont baptisés.»

Persécution devant la justice

En 2012, Samphel a acheté le film «Jésus» en Inde et l’a fait circuler parmi les jeunes. L’un d’eux a accidentellement apporté le film en classe. Un enseignant l’a confisqué et l’a remis au directeur. L’affaire est parvenue au ministre de l’Intérieur. Un comité a été formé. Il comprenait un représentant du roi, un responsable de l’Éducation et le surintendant de la police. Samphel  raconte : «Ils m’ont dit d’écrire une déclaration sur ce qui s’était passé. Je devais aussi m’engager à cesser d’organiser des réunions chrétiennes, sous peine de poursuites judiciaires. J’ai refusé. L’affaire a été transmise à la justice.» Samphel poursuit : 

«Pendant un mois, j’ai dû écrire de nombreuses déclarations. Si j’acceptais de ne plus réunir les chrétiens, je serais pardonné au sujet du film. Sinon, je risquais 6 ou 7 ans de prison.»

La peur chassée par la prière

Heureusement, la justice n’a jamais convoqué le pasteur Samphel. Il a quitté le centre du Bhoutan en 2015 et vit maintenant dans la capitale. «J’ai eu peur. Mais quand j’ai su que des gens priaient pour moi, cette peur a disparu. J’ai été blessé mentalement et émotionnellement. Je continue d'accueillir des réunions chez moi.  Je le fais aussi pour la génération future», confie Samphel.

Samphel est un pseudonyme