Un «Formulaire d'engagement à ne pas transmettre de croyances religieuses» a été remis en mars aux parents des enfants inscrits dans les jardins d'enfants de la ville de Wenzhou (Est de la Chine). Mais l'interdiction ne se limite pas à la transmission de la foi, chrétienne ou autre...

Les chrétiens visés par la répression 

Les parents doivent s'engager à «ne pas avoir de croyances religieuses, à ne pas participer à des activités religieuses et à ne pas propager et diffuser la religion dans quelque lieu que ce soit». Ils s'engagent à respecter la discipline du Parti et à ne pas enfreindre les lois du pays. Mais aussi à ne pas adhérer à certains cultes, dont ceux des églises de maison, considérées comme des groupes religieux illégaux.

Wenzhou est connue sous le nom de «Jérusalem chinoise» en raison de son importante communauté chrétienne. Elle fait partie des lieux où la persécution des chrétiens dure depuis des années, au moins depuis 2014. 

En 2017, dans le cadre de la politique de «sinisation», les enfants ont été interdits d'accès aux églises et aux camps chrétiens. Une mesure qui contrevient à l'article 14 de la Convention des droits de l'enfant dont la Chine est signataire. Mais qui correspond à la volonté de Xi Jinping de créer une société à l'image du Parti communiste. 

Pas d’enfants à l’église

Face à cette nouvelle réglementation, certains parents ont choisi, dès 2017, d'enseigner la foi chrétienne à leurs enfants à la maison. Un parent d'élève prénommé Chen (pseudonyme) témoigne: 

«Chez nous, la foi vient en premier, les notes en second!»

Chen précise qu'il donne à ses enfants des cours bibliques parce que l'éducation publique ne fournit pas suffisamment de conseils moraux et spirituels: «La drogue, le porno, les jeux d'argent et la violence sont de graves problèmes pour les jeunes d'aujourd'hui en Chine et les jeux vidéo sont extrêmement séduisants», explique-t-il. «Nous ne pouvons pas être toujours à leurs côtés et c'est seulement par la foi que nous pouvons leur faire comprendre ce qu'il faut faire.»

Destructions et répression

En 2013, les autorités du Zhejiang, ont lancé une campagne antichrétienne. Elle a conduit à la destruction de milliers de croix et d'églises dans toute la province, y compris à Wenzhou. 

Au début de cette année, les autorités ont remis Peter Shao Zhumin en prison. L’évêque de Wenzhou avait été libéré il y a environ un an. Ce responsable d'Église, qui a toujours refusé d'adhérer aux organismes religieux approuvés par l'État, a été détenu à plusieurs reprises au cours des sept dernières années.

La Chine figure au 16e rang de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens de 2023.

Source: ChinaAid et Reuters 

Article 18 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme:

Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites.

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