Au Nord-Ouest de la Colombie, une église a été prise pour cible par un groupe armé et transformée en base temporaire. Après avoir fracturé la porte principale, les assaillants s’y sont installés, profitant de son emplacement stratégique.

Lorsque la nouvelle s’est répandue dans le village et les environs, la peur a immédiatement gagné la communauté chrétienne locale. «Si des combats avaient éclaté, l’église aurait pu être détruite», déplore un habitant.

La communauté ciblée par des menaces

Ce n’était pas la première fois que cette église recevait des menaces. Quelques mois plus tôt, son pasteur avait dû quitter le village après avoir été ciblé par un groupe armé. Avant sa fuite, il gérait une petite épicerie qui soutenait à la fois sa famille et la paroisse.

Un jour, des hommes armés l’ont averti: il lui était interdit de vendre de la nourriture à une faction rivale. S’il désobéissait, sa boutique serait pillée puis incendiée. Craignant pour sa vie, il a alors fui avec sa famille vers un village voisin, où les villageois lui ont offert un local pour poursuivre son ministère.

Depuis le départ de ce pasteur, la situation n’a cessé de se dégrader. À la fin du mois d’octobre, seize autres membres de l’église ont été contraints de quitter leurs maisons. Il n’y a désormais plus aucune présence chrétienne active dans le village: ni responsables religieux, ni paroissiens. Les croyants restants ont soit renoncé à participer aux cultes, soit rejoint des zones plus sûres.

Un cas loin d’être isolé

Quelques jours plus tôt, dans une autre zone de la région d’Antioquia, un homme armé avait forcé l’entrée d’un bâtiment appartenant à une église locale et y avait séjourné plus d’un mois. Avant de partir, il avait volé la moto d’un des responsables de la communauté.

Ces événements ont peu à peu transformé les églises, autrefois des lieux de refuge et d’espérance, en espaces empreints de peur. Selon les données de Portes Ouvertes, plusieurs églises de la région ont signalé cette année différentes formes de persécution: surveillance, menaces, déplacements forcés et restrictions dans leurs activités ministérielles.

Dans la région, au moins douze églises ont été touchées et plus de 200 chrétiens ont subi ce type de pressions et de violences.

«Beaucoup d’églises disparaissent. Dans la zone où je sers, un couple chrétien est arrivé après avoir été déplacé. Le reste de leur congrégation avait également fui vers d’autres régions», raconte un responsable local.

Octobre 2025, un tournant dans la violence

Ces faits surviennent dans un contexte de crise humanitaire croissante au niveau de la région d’Antioquia. D’après les données départementales, quinze déplacements massifs ont été enregistrés depuis le début de l’année.

La Defensoría del Pueblo, un journal colombien, rapporte que depuis le 19 octobre 2025, au moins 2.081 personnes ont fui leur domicile pour échapper aux affrontements entre groupes armés illégaux se disputant le contrôle du territoire et des routes du narcotrafic.

Face à l’aggravation de la violence, le journal a lancé un appel urgent au gouvernement colombien pour stopper la progression des groupes armés et garantir la protection des communautés rurales qui vivent dans la peur.

En réponse, le conseil gouvernemental d’Antioquia a déclenché une aide humanitaire d’urgence pour soutenir les familles déplacées.