Le rapport annuel sur les Droits de l'Homme, publié le 20 février dernier en anglais par l'Association Turque des Églises Protestantes, fait état de l'augmentation nette des attaques verbales contre les chrétiens protestants et de l'incitation à la haine dans les médias locaux, nationaux et réseaux sociaux turcs «uniquement à cause de leurs croyances».

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C'est «avec beaucoup de tristesse et d'inquiétude» que les 150 églises protestantes de Turquie ont suivi le cas d'Andrew Brunson, acquitté et autorisé à repartir aux États-Unis le 12 octobre 2018. Son arrestation, son emprisonnement et les deux années de procès ont été un facteur déclencheur de cette haine massive.

Des églises et des chrétiens, calomniés 

Le fait que les médias relient systématiquement (et sans aucune preuve) les églises et leurs membres aux organisations terroristes a choqué la communauté chrétienne. Le rapport souligne le non-respect de l'obligation de neutralité et de la loi gouvernementale sur la protection des données personnelles.

  • EXEMPLE: accusé par un journal national de soutenir une organisation terroriste car il s'était rendu une église dans la ville de Van, à l'Est du pays, un chrétien a vu son nom et des informations sur son entreprise divulgués publiquement. Il a perdu plusieurs contrats commerciaux. 

    Dans l'affaire Brunson déjà, des noms, des détails personnels et des photos avaient été publiés ouvertement, mettant en scène les chrétiens ou les assemblées dans un contexte qui leur était défavorable. Les allégations de faux témoins anonymes contre Andrew Brunson ont été «rapportées comme si elles étaient vraies», et les rédactions locales et nationales ont refusé le droit constitutionnel de réponse ou de correction aux églises et aux individus calomniés. 

    • EXEMPLE: Les protestants des villes de Diyarbakir, Mardin, Izmir et Manisa ont voulu intenter une action en justice à cause de la «propagande insidieuse» liée à l'affaire Brunson qui visait leurs églises et leurs dirigeants. Les autorités locales ont refusé d'enquêter ou n'ont pas puni les coupables.

      Nombreux problèmes administratifs

      Dans la foulée de l'affaire Brunson, plusieurs membres d'églises protestantes étrangères résidant à Istanbul, Izmir, Mersin et d'autres villes ont été déportés ou refoulés en Turquie en 2018, ou ont reçu l'ordre de quitter la Turquie dans les dix jours suivant le refus du renouvellement de leur permis de séjour.

      Le gouvernement impose des restrictions juridiques aux assemblées et n'a pas encore reconnu l'Association des Églises Protestantes formée en 2009 comme l'organe institutionnel représentatif des protestants de Turquie. Il est donc difficile d'établir des lieux de culte reconnus et d'organiser des séminaires. Sur 150 assemblées, seules 10 se réunissent dans les bâtiments officiels. Les principales sont situées à Istanbul, Ankara et Izmir. Soixante-sept autres louent ou achètent des locaux désignés comme des lieux de réunion d'«association» légale. 

      Faits encourageants, en 2018, une église protestante a été approuvée pour former une fondation religieuse et une autre est actuellement en instance de demande de statut de fondation.