Depuis le mardi 3 août, Ebrahim Raïssi a succédé à Hassan Rohani en tant que président iranien. Il occupait auparavant le poste de chef de l'autorité judiciaire du pays. Que va changer son élection pour les chrétiens iraniens?

Un bilan peu encourageant

Élu en juin 2021, Ebrahim Raïssi a remporté les éléctions présidentielles iraniennes. Ebrahim est un religieux chiite ultraconservateur. Son action en tant que procureur, puis chef du pouvoir judiciaire lui a valu une distinction peu gratifiante: celle de figurer sur la liste noire des responsables iraniens sanctionnés par Washington pour «complicité de graves violations des droits humains.» 

En janvier dernier, 6 rapporteurs de l'ONU se sont inquiétés de ce qu'ils percevaient comme une persécution systématique des chrétiens. Afin d'obtenir des éclaircissements, ils se sont tournés vers le Haut Conseil pour les droits humains en Iran. Il s'agit d'une branche du pouvoir judiciaire directement sous l'autorité de Raïssi. Celui-ci a réfuté toutes les accusations. Il a même qualifié les églises de maison, qui rassemblent principalement des musulmans convertis au christianisme, de «groupes ennemis» adeptes d'un «culte sioniste» et ayant «des velléités d'atteinte à la sécurité nationale.»

Une rhétorique peu encourageante pour la suite de son mandat en temps que président.

Les défenseurs des droits de l'homme inquiets

Mansour Borji, directeur du plaidoyer pour l'ONG Article18, avait prévenu avant même la tenue de l'élection. L'arrivée de Raïssi au poste de président «serait synonyme de davantage d'oppression, de persécution pour les chrétiens et de diminution des libertés civiles. La persécution des chrétiens et autres minorités s'était intensifiée sous l'ancien président et la situation ne peut que s'aggraver sous le nouveau.»

Mahmood Amiry-Moghaddam, fondateur de l'ONG Iran Human Rights basée à Oslo est du même avis. Au regard de la situation actuelle, le régime ne peut qu'accentuer la répression, car il perd peu à peu sa légitimité. Mais ce défenseur des droits de l'homme termine sur une note d'optimisme en déclarant:

«La société iranienne veut du changement, elle y travaille tous les jours un peu plus et aucun président ne peut lutter contre cette volonté de changement.»