Tout a commencé en 2020. Le soir du 30 juin, dans un appartement du quartier de Yaftabad, à Téhéran, une trentaine de chrétiens se réunissent discrètement pour un temps de prière.

Une arrestation injustifiée

Soudain, dix agents de la Révolution islamique font irruption, armés et masqués. Ils filment la scène, séparent les hommes des femmes, puis arrêtent plusieurs participants. Parmi eux: Mina Khajavi et Joseph Shahbazian, un pasteur arménien.

Les arrestations s’étendent à deux autres villes, dans une vaste opération coordonnée. Téléphones confisqués, domiciles fouillés, violences contre les chrétiens et leurs familles: la répression du régime s’abat sur ces croyants accusés de «mettre en danger la sécurité nationale». Leur véritable crime? Se réunir pour prier et lire la Bible.

Deux ans plus tard, en 2022, le verdict tombe: Mina, âgée de 58 ans, est condamnée à six ans de prison pour avoir «promu le christianisme sioniste» en dirigeant une église de maison. À ses côtés, une autre chrétienne, Malihe Nazari, écope de la même peine, tandis que leur pasteur Joseph Shahbazian est condamné à dix ans d’emprisonnement.

Endurer la douleur en prison

Mais avant même d’entrer en prison, Mina est victime d’un accident: renversée par une voiture, elle subit de graves fractures à la cheville et doit porter des plaques métalliques. Son état de santé la rend inapte à purger sa peine… du moins temporairement.

En janvier 2024, malgré sa convalescence inachevée, elle est contrainte de se présenter à la prison d’Evin. L’opération chirurgicale prévue avant son incarcération n’aura jamais lieu.

Pendant des mois, Mina endure la douleur, sans soins adaptés, avec pour seul traitement quelques comprimés d’antidouleurs distribués de manière irrégulière. Elle est même affectée au deuxième étage d’un lit superposé, malgré son déambulateur et sa difficulté à marcher.

Ses proches et les défenseurs des droits humains s’indignent. En réponse à cette situation, nous avions lancé une pétition réclamant sa libération, en octobre 2024.

Enfin, la liberté

Finalement, après près de deux ans d’enfermement, Mina a été libérée le 20 octobre dernier. Sa peine de six ans a été réduite à deux, tenant compte de son arrestation initiale en 2020.

Aujourd’hui âgée de 61 ans, Mina marche avec difficulté, n’ayant pas reçu les soins médicaux adéquats lors de son emprisonnement. Elle est néanmoins libre, après des années d’épreuves.

La coaccusée de Mina, Malihe Nazari, a été libérée en 2023, en raison de l’état de santé de son fils. Quant au pasteur Joseph Shahbazian, il est actuellement en attente d’un jugement après une nouvelle arrestation au début de l’année 2025.
 
Source: Article18