Alors qu’il célébrait un culte dédié à la fin des moissons, le Conseil des églises baptistes, situé dans la capitale, a fait l’objet d’une descente de police filmée. Les policiers y ont confisqué de la littérature chrétienne pour des «analyses d’expertise» et arrêté le pasteur, Dmitri Golovin, et un diacre, Aleksey Demchenko.

Ibrahim Akunov, le responsable du Comité national de sécurité, a crié et menacé les enfants qui jouaient dans la cour, en hurlant qu’il allait fermer l’église. Interrogé par un journaliste de Forum 18 sur son comportement, il a refusé de répondre.

Arrêtés et condamnés

À la suite de leur arrestation, le pasteur et le diacre ont été condamnés à une amende d’un montant équivalent à deux semaines de salaire pour avoir «organisé une activité religieuse et utilisé un local pour des activités religieuses sans autorisation officielle». Les deux hommes ont fait appel.

Le Conseil des églises baptistes n’a en effet jamais souhaité solliciter d’autorisation officielle dans aucun des pays d’Asie Centrale où il est implanté. Pour l’officier Ozubekov, de la police de Bichkek, «ils enfreignent la loi puisqu’ils ne se sont pas enregistrés».

Droits civils et politiques

Pour autant, en juillet 2025, un groupe de cinq rapporteurs spéciaux des Nations Unies avait déjà exprimé ses «inquiétudes au sujet du cadre légal encadrant la liberté de religion et de croyance» au Kirghizistan. Ils avaient écrit:

«L’enregistrement obligatoire des organisations religieuses peut conduire à la criminalisation de manifestations légitimes de la religion.»

Selon ces cinq rapporteurs des Nations Unies, la loi kirghizstanaise sur les religions n’est pas compatible avec l’article 18 de la Convention internationale des droits civils et politiques, qui porte sur «la liberté de pensée, de conscience et de religion».

Torture et exil

L’ONU s’était inquiétée des violations de la liberté de religion au Kirghizistan après la fermeture et la dissolution il y a tout juste un an de la «véritable et libre église réformée adventiste» à Bichkek.

L’église a été étiquetée comme étant «extrémiste», trois de ses membres et son pasteur ont été arrêtés et torturés. Le pasteur Shreider, âgé de 65 ans, a été condamné à trois ans de prison. Il devra être exilé à la fin de sa détention. Il a depuis été hospitalisé dans un état de santé très dégradé.

Force est de constater qu’un an plus tard, rien n’a changé au Kirghizistan.