L’incident s’est produit aux premières heures de la journée à l’école chrétienne de St. Mary, située dans la communauté de Papiri. Les premiers chiffres recensaient 227 écolières et enseignants enlevés. Après un appel des élèves, les chiffres se sont cependant révélés plus élevés.

«Il y a donc 303 élèves et 12 enseignants, ce qui porte le nombre total de personnes enlevées à 315», a déclaré l’Association chrétienne du Nigéria (CAN) dans un communiqué, ajoutant que le nouveau chiffre comprenait 88 élèves qui avaient été capturées alors qu’elles tentaient de s’échapper.

Selon Bulus Dauwa Yohanna, président de la CAN dans l’État du Niger et propriétaire de l’école, 50 écolières âgées de 10 à 18 ans ont réussi à s’échapper entre vendredi et samedi. Bulus Dauwa Yohanna a indiqué que 253 des filles kidnappées, ainsi que 12 membres du personnel et enseignants, sont toujours retenus captifs.

L’enlèvement, un moyen de terroriser les communautés

Il s’agit de l’enlèvement scolaire le plus important à ce jour au Nigéria. Il survient juste après l’enlèvement de 25 jeunes filles à l’école secondaire publique pour filles de Maga, dans l’État de Kebbi. Deux d’entre elles ont réussi à s’enfuir, mais 23 restent toujours captives.

Les enlèvements contre rançon sont devenus un moyen populaire de terroriser et d’appauvrir les communautés. Cependant, l’ancien ministre de l’Information, Jerry Gana, estime qu’il existe un motif plus sinistre derrière ces enlèvements.

Selon lui, l’escalade soudaine des enlèvements à travers le pays pourrait être liée aux craintes des «bandits» d’être bientôt ciblés par des puissances étrangères. Monsieur Gana a notamment déclaré que les groupes armés pourraient utiliser les enfants comme «boucliers humains» en réaction aux menaces émises par le président des États-Unis.

Les sources locales de Portes Ouvertes et nos partenaires sur le terrain affirment également que les populations sont incitées à limiter leurs déplacements alors que les cas de kidnappings pourraient encore augmenter dans les semaines à venir.

Un appel pressant à protéger les enfants

La difficulté du gouvernement à protéger les civils a des effets étendus: plus de 10 000 écoles ont été fermées dans le Nord du Nigéria en raison de l’insécurité actuelle, exposant ainsi des millions d’enfants à l’analphabétisme, aux mariages précoces et à la pauvreté. Ce contexte facilite aussi le recrutement pour les groupes islamiques militants.

En réaction à cet enlèvement massif, le président Bola Tinubu a ordonné dimanche le recrutement de 30 000 policiers supplémentaires lors d’une réunion avec les chefs de la sécurité. Il a demandé que tous les policiers se consacrent à leurs fonctions principales, en particulier dans les zones reculées sujettes aux attaques.

Le gouvernement nigérian a également ordonné la fermeture d’environ 50 collèges fédéraux. Les écoles publiques de certains États ont aussi été fermées.

«Nous sommes profondément attristés par ces récents enlèvements dans le Nord du Nigéria, a déclaré Jo Newhouse, porte-parole de Portes Ouvertes pour l’Afrique Subsaharienne. Cela nous ramène immédiatement à l’enlèvement des filles de Chibok, dont beaucoup sont encore en captivité. Nous exhortons le gouvernement nigérian à faire tout ce qui est en son pouvoir pour ramener ces élèves et enseignants sains et saufs auprès de leurs familles, et à veiller à ce que les écoles soient protégées contre de telles attaques. Fermer les écoles ne peut être qu'une solution à court terme. Tous les enfants devraient être libres et en sécurité pour aller à l’école et recevoir une éducation.»