Certains signes avaient pu laisser espérer une amélioration de la situation des chrétiens au Soudan. Mais aujourd'hui, comme le montre le cas du pasteur Stefanous en avril, de plus en plus de groupes armés s'en prennent aux églises avec le soutien de la police et de la justice soudanaises.

Agressé, c'est lui qui est condamné

Dans l'État d'Al-Jazirah, au Centre-Est du Soudan, le pasteur Stefanous Adil Kajo conduisait le culte, quand des islamistes ont fait irruption dans l'église. Ils s'en sont pris physiquement au pasteur, ont frappé des paroissiens, déchiré les bibles et cassé les chaises. Deux femmes ont été blessées.

Les victimes sont allées porter plainte au commissariat de police. Les policiers les ont accusées d'avoir «troublé la paix» et ont engagé des poursuites à leur encontre. Le 25 avril, un tribunal a condamné le pasteur et l'un de ses assaillants qui a été identifié à 1 mois de prison pour trouble à l'ordre public.

Une persécution quotidienne

Ce n'est pas la première fois que cette congrégation est prise pour cible. Le bâtiment où elle se réunit appartient à l'église catholique locale qui le prête aux autres groupes religieux, chrétiens et musulmans, pour leurs célébrations.

Mais les musulmans n'ont de cesse d'empêcher les chrétiens d'utiliser le bâtiment. Ils les harcèlent, posent un cadenas sur la porte pour les empêcher d'entrer, placent des haut-parleurs à l'extérieur dans lesquels ils diffusent des messages critiquant le pasteur et les paroissiens.

En février, ils ont mis une pancarte sur la porte interdisant aux chrétiens d'y organiser leurs activités. Ceux-ci ont bravé l'interdiction et 2 responsables de l'église ont été arrêtés puis relâchés après interrogatoire. Quand le pasteur a demandé l'aide des autorités locales, celles-ci se sont rangées du côté des agresseurs.