Au Sri Lanka, le niveau de la persécution a baissé depuis les terribles attentats de Pâques 2019. Mais elle n’a pas disparu, loin de là. Les faits qui le prouvent sont légion. Dashini, par exemple, dirige une communauté dans le nord du pays. À Noël et pour le jour de l’an, les voisins ont caillassé son église pendant le culte. Le neveu de cette responsable met souvent des troncs d’arbres sur le chemin qui mène à l’église. Ceci pour en empêcher l’accès aux fidèles. Un jour, il a fait sortir Dashini de force de sa maison. Et il l’a menacée de mort si elle continuait à célébrer des cultes. «Je suis une veille femme, je suis célibataire, je vis seule, plaide-t-elle. Mais il s’en moque.» Elle déplore: 

«J’ai commencé avec 100 croyants, aujourd’hui ils ne sont plus que 50 à cause de ces problèmes.» 

Pétitions et menaces 

Dans un autre village, au sud du pays, une pétition circule pour mettre fin aux activités d’une église. Un courrier anonyme, écrit dans un style érudit, laisse penser que les moines en sont les auteurs. Cette lettre appelle les bouddhistes à ne pas être «lâches» et à ne pas laisser les chrétiens «éradiquer» le bouddhisme du pays! Le pasteur Nimal (pseudonyme) n’y comprend rien: «Ces dernières années, nous étions en très bons termes avec nos voisins bouddhistes, commente-t-il. Nous leur avons même laissé utiliser notre terrain pour des funérailles. Mais il y a quelques mois, ils ont arrêté de nous parler. Même quand on se croise dans la rue, ils nous évitent. Ils se plaignent que nous faisons trop de bruit!» 

Dernièrement, le pasteur a été informé que les moines et les villageois envisageaient d'interrompre un culte. Ils ne sont pas passés à l'acte, mais le dimanche de Pâques, un moine est venu et a surveillé de près la célébration. 

Dans un autre village, fin 2023, des moines ont menacé de battre et d'expulser le pasteur s'il continuait à célébrer le culte. Et malgré une plainte déposée par les chrétiens, la menace continue de planer sur cette communauté.

Bouddha ou (presque) rien

Ailleurs, dans l’est du pays, Suranjith (pseudonyme) menait une vie modeste dans un logement insalubre, avec sa femme, ses trois enfants et sa mère. Une situation de précarité qui a ému un des officiers de l’armée. Le militaire et sa fille ont levé des fonds pour faire construire à Suranjith une vraie maison. Mais il y avait une condition: la fille a exigé qu’une statue de Bouddha soit placée dans le jardin et qu’on lui voue un culte.

La maison inachevée de Suranjith.

«Toute ma famille était d’accord pour refuser les rituels bouddhistes car nous voulons plaire au Seigneur et non aux autres», explique Suranjith. À cause de son refus, les travaux ont été interrompus. il habite désormais dans une maison inachevée (voir photo ci-dessus). Il commente: 

«J’ai dû choisir entre ma foi et ma maison...» 

Des pastorales pour s'encourager

Face à ces pressions, les responsables d'église du Sri Lanka ont dressé un constat: il est devenu vital pour eux de se réunir et d’échanger! Ainsi, ils se rassemblent en pastorale une fois par mois depuis un an (voir photo ci-dessous). 

Réunion pastorale au Sri Lanka.

«L’unité est la chose la plus importante que nous avons apprise», témoigne le pasteur Prashanth. Il a réalisé à quel point parler des problèmes et des manières dont les autres les résolvent peut être encourageant. Prières et partages d’expériences sont au programme de chaque rencontre. Et la foi des participants s’en trouve consolidée.