Vietnam: les multiples défis des chrétiens

Au Vietnam, l’État est communiste, donc officiellement athée. Mais la réalité est bien différente: la population pratique très majoritairement le culte des ancêtres. Quant aux chrétiens, qui représentent 10 % de la population, ils peuvent être persécutés par les autorités, la famille ou les voisins. En voici quelques exemples récents. 

Culte interdit 

Dans l'une des villes industrielles du Nord du pays, de nombreux habitants des zones rurales avoisinantes viennent chercher du travail. Dans cette agglomération, une église a récemment été créée pour les membres de la minorité ethnique hmong. Forte de son succès, elle a déposé une demande officielle d’agrément en décembre 2023. Aussitôt, les autorités ont empêché la célébration du culte et des policiers gardent l’entrée de l’église le dimanche matin. Ceux qui essaient de s’y rendre sont menacés d’être dénoncés à leur employeur, ce qui provoquerait leur licenciement. Depuis, cette église s’est répartie en petits groupes qui se réunissent régulièrement, selon Isaac (pseudonyme), notre partenaire sur place.

Menaces de mort

Toujours dans le Nord du Vietnam, le pasteur Thang (pseudonyme) est harcelé par les autorités, qui l’empêchent de prêcher ou de rendre visite aux chrétiens du village. Les policiers l’ont intercepté dans l’église, l’injuriant et prenant des photos, confisquant bibles et cantiques. Ils l’ont menacé:

« Si tu reviens ici, nous te frapperons à mort. »

Les policiers ont aussi appelé sa femme: «Si ton mari revient, il sera arrêté et emprisonné.» Le harcèlement téléphonique est incessant. Selon le pasteur Thang lui-même, «certains villageois racontent que les autorités veulent se débarrasser de l’église.» Il précise:  

«Ils ne veulent plus de chrétiens dans le village.» 

Récoltes et bétail confisqués

Mais la persécution peut aussi venir de la famille. Dans le Nord-est du pays, Nguyen (pseudonyme) est devenu chrétien, et a ôté de sa maison les ornements animistes et autres statues de divinités. Mais ses parents ont pris peur: quand ils seront morts, leur fils ne respectera pas le culte des ancêtres. Autrement dit, il ne leur rendra pas de culte, à eux qui sont ses parents, donc ses ancêtres! Ils ont donc exigé que Nguyen renie sa foi chrétienne. Les autres villageois ont également menacé de lui couper l’eau et l’électricité. Nguyen ayant choisi de rester fidèle à Jésus, ses parents lui ont confisqué toutes ses récoltes et tout son bétail...

Victime de violences conjugales

Dans le Centre du pays, Thien Aï (pseudonyme), 40 ans, est victime de violence conjugale à cause de sa foi. Cette femme mariée et mère de deux enfants, n’allait plus à l’église depuis son mariage avec un non-chrétien. Mais elle a décidé de s'y rendre de nouveau en tant que monitrice de l’école du dimanche. Son mari, Binh (pseudonyme), l’accuse désormais d’aller au culte pour fréquenter un autre homme. Il la harcèle verbalement et la frappe quand il est ivre. Selon le pasteur Danh (pseudonyme), le mari a même coupé les vivres de sa femme et de leurs enfants pour que Thien Aï n’aille plus à l’église. Pourtant, elle persévère et déclare même:

«Je trouve ma joie et mon espérance en Dieu!» 

Comme Thien Aï, bien décidée à continuer à enseigner la catéchèse aux enfants, de nombreux chrétiens du Vietnam sont un exemple de persévérance, de courage et de résilience face à une persécution aux multiples visages.