Dieu a préparé Hwa-Young à ce ministère sur des années. Elle nous raconte que, dès sa jeunesse, elle a eu la vision de Nord-Coréennes pendant des temps de prière pour des missionnaires. Mais elle a ensuite travaillé pendant 20 ans au service de l’Église locale. Là elle a appris à « conduire les brebis », à faire de la relation d’aide et de l’administration pour l’église. Toutes ces expériences lui ont servi pour conduire des groupes d’églises de maison, dans le cadre de son travail avec Portes Ouvertes. Elle se confie à l’un de nos collaborateurs :

« As-tu eu peur à l’idée de rejoindre le ministère des femmes en Chine ? »

Quand je suis montée dans l’avion la première fois, je n’avais aucun doute, aucune peur. Mais les deux premières années se sont révélées plus difficiles que je ne le pensais. Je n’avais aucune expérience et je ne parlais pas chinois. La culture chinoise est totalement différente de la mienne, qui est sud-coréenne. C’est comme une prison sans barreaux. Vous êtes constamment soumis à des pressions et c’est très intense. C’est aussi très dur de travailler avec les Nord- Coréennes. Et puis il y a la question de la sécurité. Comment éviter de se faire arrêter ? Je me sentais seule, sous pression et j’avais le mal du pays.

« Je ne peux me confier à personne »

Comment vis-tu ces difficultés aujourd’hui ?

Je suis célibataire et si c’est nécessaire je suis prête à mourir pour Dieu. Le plus dur, c’est que je ne peux compter sur personne. Quand je me sens seule, je ne peux parler à personne. Parler de ses sentiments c’est forcément expliquer comment nous travaillons et c’est nous mettre en danger, les autres et moi. Je dois être très stricte.

Est-ce que c’est cette solitude qui est la part la plus difficile de ton ministère ?

Oui. Quelquefois je ressens le besoin d’avoir une partenaire et de faire des choses à deux. Mais je ne peux pas parler au téléphone de ce que me racontent les femmes. Je ne peux être membre d’aucune église. Je ne peux pas me confier à un pasteur. J’ai deux amies, mais même avec elles je ne partage que 50% de mes problèmes.

Comment remplis-tu cette solitude ? Que t’a-t-elle appris ?

Les trois premières années, je n’ai jamais rien pu partager de personnel avec qui que ce soit. Seulement avec le Seigneur. Cela m’a enseigné l’endurance et la patience. J’ai vu beaucoup de choses mauvaises en moi et j’ai laissé le Seigneur me transformer. J’ai beaucoup médité toute seule. J’ai prié et j’ai grandi spirituellement.

« Les Nord-Coréennes vivent dans la peur »

Et qu’en est-il des femmes de Corée du Nord ?

Elles ont été élevées dans la peur. Dès 5 ans, on les oblige à assister à des exécutions publiques. Des amis ou des voisins sont assassinés devant leurs yeux. Même ici en Chine, elles ne sont pas vraiment en sécurité. Alors elles continuent de vivre dans la peur.

La plupart d’entre elles ont subi des abus, en Corée du Nord et en Chine. Elles se sentent comme engourdies. Elles ne ressentent même plus la douleur. Quand elles vous racontent quelque chose, elles ne partagent aucune émotion, juste des faits.

Et enfin elles ont grandi dans une très grande pauvreté. Elles ont tout le temps faim. Elles savent toutes ce que signifie s’inquiéter parce qu’il n’y a rien à mettre sur la table pour le repas, manger des racines ou mendier de la nourriture.

Comment les aider à pardonner ?

Comprendre le processus de pardon est difficile, mais vous pouvez voir le Seigneur travailler en elles. Nombre d’entre elles ont progressé dans ce domaine. Dieu transforme toutes les souffrances en quelque chose de positif. Nous vivons des épreuves et nous devons apprendre comment les accepter. J’ai expérimenté moi-même le pouvoir du pardon et j’ai vu comment ces femmes nord-coréennes changent et pardonnent.

Nord-coréennes écoutant et découvrant la parole de Dieu. Quel impact ? Des vies changées, comme celle de Grace.

Pourrais-tu nous donner un exemple concret de femme qui a été restaurée ?

Grace est l’exemple type de femme qui a été changée par Jésus grâce à notre travail. Au début, elle était tellement en colère contre tout le monde que son mariage n’a pas résisté. Son mari l’avait achetée à un trafiquant d’êtres humains, mais à la différence des autres chinois, il la traitait bien. Elle s’est quand même enfuie… en laissant sa fille. Une amie qui fait partie de l’un de mes groupes l’a invitée à nos rencontres et, peu à peu, elle a changé. Elle s’est repentie et voulait retourner vers son mari et sa fille. C’est un miracle parce qu’en général, les Nord-Coréennes ne sont intéressées que par l’argent. Pour l’instant, son mari a refusé de la voir, mais elle continue de prier pour que cela arrive un jour.

Demander à Dieu de briser l’idolâtrie de Kim Il Sung

Quel est le plan de Dieu pour toi et pour les femmes parmi lesquelles tu travailles ?

L’objectif de notre projet est de former des responsables féminines pour l’avenir. Aujourd’hui, j’en ai déjà trois. Nous avons des études bibliques plus intensives pour les femmes qui ont la volonté et le potentiel de devenir des responsables. Mon souhait est simplement de continuer à faire ce que le Seigneur attend de moi. Je vais continuer de me réfugier dans sa présence, particulièrement quand je me sens seule.

Ces Nord-coréennes rêvent du jour où elles n’auront plus à cacher leur visage et, plus important encore, leurs rêves et leurs identités.

Comment pouvons-nous prier pour le peuple nord-coréen ?

Ils sont endoctrinés 24h/24h, 7j/7 et ils doivent adorer Kim Il-Sung comme une idole. L’endoctrinement est tellement fort que les Nord-Coréens portent l’empereur en eux. Même s’il est mort depuis 1994, c’est comme s’il était toujours présent où qu’ils aillent. Quand ils commencent à croire en Dieu, il est difficile de remplacer Kim Il-Sung dans leur cœur. Cela affecte leur croissance spirituelle. Dieu doit briser ce culte idolâtre. S’il vous plaît, priez que Dieu libère vraiment ses enfants nord-coréens.

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