«Tout ce qui se passe en cette période de troubles me rappelle l'époque de la perestroïka», nous dit Ivan (pseudonyme). Depuis le début de l'année, le Kazakhstan connaît une crise dramatique. Ivan est responsable d'une église locale. Il commente la situation tragique que traverse son pays: 

«À l'époque aussi, les magasins étaient fermés, tout comme maintenant. Il y a de longues files d'attente pour le pain, et nous ne pouvons acheter qu'une seule miche. C'est une vraie guerre!»

En tant que chrétien, il n'a pas pris part au conflit mais a choisi les armes spirituelles: la prière et le témoignage. Ivan explique encore:

«En tant qu'église, nous ne nous déplaçons pas et restons calmes. Nous prions pour notre pays, ils ont tellement besoin de l'amour de Dieu!»

Prier pour une bonne nouvelle

Aujourd'hui la situation n’est toujours pas stabilisée: l'armée «nettoie» les extrémistes et les militants, tandis que des individus volent les gens et pillent les magasins. Dans une lettre ouverte à la nation, les chefs religieux ont exhorté les fidèles au «calme et à l'unité». De leur côté, l'Alliance évangélique mondiale et l'Alliance évangélique d'Asie Centrale ont appelé à une «désescalade». 

Avec d'autres chrétiens kazakhs, Ivan invite les chrétiens du monde entier à prier pour qu’une bonne nouvelle soit annoncée au cœur de la tourmente. «Une bonne nouvelle pourrait être que, en raison de cette agitation politique, la nouvelle loi sur la religion ne soit pas appliquée.» 

À cause de la violence des troubles de ces derniers jours, un événement est passé inaperçu: malgré la démission du gouvernement, une loi devait entrer en vigueur le 9 janvier. Elle vise à rendre plus difficile la tenue de réunions en dehors des lieux de culte enregistrés par l'État.

Les églises davantage surveillées

Selon l'association Forum 18, cette loi obligerait une communauté souhaitant organiser un événement hors de son lieu de culte officiel à obtenir une autorisation préalable. Ce qui constitue un processus fastidieux. Les églises non enregistrées ne sont pas concernées car elles n’ont pas d’existence légale. «Mais en raison des incidents, elles sont et seront davantage surveillées, explique un responsable de Portes Ouvertes pour l'Asie Centrale. La prochaine étape pourrait être des descentes de police dans les églises de maison.»

Il est toujours possible que la loi ne soit pas appliquée. Ce serait enfin une bonne nouvelle pour les chrétiens du Kazakhstan en ce début d'année 2022.

Depuis le 2 janvier, la population exprime sa colère après l'augmentation des prix du gaz de pétrole liquéfié (GPL) et plus largement contre un régime autoritaire. Au moins 164 personnes ont été tuées dont des membres des forces de l’ordre. Des milliers d’autres ont été blessées.