Le 16 avril dernier, une faible majorité de 51 % de la population a approuvé l’amendement constitutionnel en acceptant un régime présidentiel qui donne des pouvoirs étendus au président turc Recep Tayyip Erdogan.

Divers observateurs craignent que cette décision mette la démocratie en danger et transforme la Turquie en un État de plus en plus autocrate. L’un d’eux est le Dr. Erdemir de la Fondation pour la Défense des démocraties, à Washington.

« On se sent menacés »

Il explique que, lors de son discours d’adoption du référendum constitutionnel, Erdogan avait reproché à l’Occident de mener une « croisade » contre son pays. Il se référait au conflit entre le christianisme et l’islam et associait les chrétiens turcs à l’Occident, faisant d’eux des marginaux : « En tant que membre de la minorité juive ou chrétienne en Turquie, on se sent menacé lorsque le président du pays présente celle-ci comme traîtresse de la nation. De tels propos ouvrent la voie à des jugements discriminatoires et des crimes motivés par la haine. »

Un pasteur en prison depuis 7 mois

Il a également mentionné le pasteur américain Andrew Brunson, détenu depuis octobre 2016 en raison de prétendus liens avec une organisation terroriste. Le pasteur et son épouse Norine vivaient en Turquie depuis 23 ans et servaient dans l’église de la Résurrection à Izmir, reconnue par l’État, avant d’être arrêtés le 7 octobre 2016. Norine a été libérée quelques jours plus tard, alors que son mari a été transféré à la prison de Harmandanli le 20 octobre. Il y a passé deux mois en isolement avant d’être transféré dans une autre prison près d’Izmir, où il partage la cellule avec 18 détenus. Lors de la première audience qui a eu lieu le 9 décembre, sa demande de libération a été refusée.

Le Dr. Erdemir craint que le Pastor Brunson ne soit utilisé par Erdogan comme une sorte d’atout ou de gage : « Dans ce cas, je ne m’attends absolument pas à un procès équitable », a-t-il ajouté.