
Suivez l’itinéraire de Thessakpe, un chrétien togolais chassé par les djihadistes, aujourd’hui à la tête d’un atelier d’artisanat florissant.
Thessakpe (pseudonyme) a grandi dans le nord du Togo, près de la frontière avec le Burkina Faso, dans un village animiste. Il est devenu chrétien en 2017, s’est marié et a fondé une famille. Mais en décembre 2023, des djihadistes venus du Burkina voisin ont attaqué son village et les habitants ont dû fuir. Ce déplacement a été particulièrement compliqué pour Thessakpe car il est handicapé d’une jambe.
Il a néanmoins réussi à reconstruire sa vie plus au Sud du pays, avec sa femme et leur enfant. Du fait de son handicap, il a bénéficié du soutien d’une ONG pour apprendre les métiers de la tapisserie et du rembourrage. Il a trouvé une alternance qui aurait du déboucher sur un emploi pérenne... Mais le patron, qui était musulman, a interdit à Thessakpe d’aller à l’église le dimanche.
Discrimination à l’embauche
Thessakpe a refusé de se plier aux exigences de son patron et il n’a pas été embauché. Il n’avait même plus le droit d’utiliser les machines auxquelles il avait eu accès pendant son alternance. «À la fin de ma formation, j’ai vraiment eu du mal à ouvrir mon propre atelier», se souvient-il.
«De nombreuses ONG et institutions ne me soutenaient pas à cause de ma foi en Christ.»
Cependant, en juin dernier, un partenaire de Portes Ouvertes lui a fourni un capital de départ, lui permettant d’acheter son propre matériel et d’ouvrir un atelier de rembourrage. Désormais, il gagne sa vie et pourvoit aux besoins de sa famille.
Déplacés internes
«Pour en arriver où j’en suis aujourd’hui, les frères et sœurs chrétiens m’ont été d’une grande aide. Je les remercie beaucoup. Je n’ai trouvé d’aide nulle part avant de croiser leur route. Aujourd’hui, je travaille et j’arrive à nourrir ma famille. Que Dieu vous bénisse.»
Il existe de plus en plus de chrétiens comme Thessakpe au Togo, déplacés depuis le Nord vers le Sud, à la suite d’attaques djihadistes. Le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) est une organisation terroriste paramilitaire qui fait régulièrement des incursions dans le Nord du territoire togolais. Le gouvernement a dénombré 15 attaques en 2025 et 54 morts, sans compter les nombreux déplacés internes.
Fermetures d’églises
Selon le pasteur Marcel (pseudonyme), les chrétiens ne sont pas les cibles prioritaires des djihadistes. Néanmoins, ils fuient des zones géographiques dangereuses. Résultat: les églises se vident et finissent même par fermer, faute de fidèles. «Des communautés chrétiennes ont été obligées d’abandonner leurs activités agricoles et commerciales ainsi que leurs troupeaux pour survivre», déplore le pasteur.
Une fois arrivés dans d’autres villes et villages, plus en sécurité au Sud, les problèmes sont loin d’être réglés. «Les chrétiens déplacés dépendent de familles d’accueil qui peinent à leur fournir les ressources adéquates et suffisantes pour tant de bouches supplémentaires», selon l’un de nos partenaires locaux.
Dans un tel contexte, l’histoire de Thessakpe et son succès professionnel sont une lueur d’espérance pour de nombreux autres chrétiens togolais.