Clémence Martin : «  “Bring Back Our Girls”,  en français « ramenez-nous nos filles » !  C’était le slogan d’un mouvement de solidarité à l’égard des plus de 200 lycéennes kidnappées par la secte Islamiste Boko Haram en avril 2014.  Le drame s’était déroulé à Chibok dans l’Etat de Borno au Nord du Nigéria et avait ému le monde entier. La plupart de ces jeunes filles fréquentaient l’Union des églises des frères au Nigeria. Aujourd’hui, deux ans après, de nombreuses familles des victimes sont encore dévastées par le stress et tombent malade.

Ces parents sont toujours des cibles pour  les extrémistes de Boko Haram qui sévit dans le Nord du Pays et ils vivent dans la crainte que leur fille aient été mariées de force à des combattants ou été transformées en bombes humaines. Le pasteur Ayuba, dont la fille a été kidnappée, se souvient de cette journée du 14 avril 2014, où sa vie bascula, on l’écoute : »

Pasteur Ayuba : « Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai pleuré. Mais que faire d’autre ? La seule chose à faire c’était de tout remettre à Dieu. Quand j’ai su que ma fille Amina avait été kidnappé, je ne voulais pas en parler à ma femme. Je lui ai dit que j’irais sur place et je reviendrais avec des nouvelles. A mon retour, je l’ai informée, je lui ai dit qu’on devait avoir confiance en Dieu. Que les soldats avaient des ordres du gouvernement et agissaient. Alors, elle s’est rendue sur place ; elle a rencontré d’autres parents dont les enfants avaient aussi été kidnappés. Ils pleuraient, pleuraient, pleuraient. Nous avons attendu et attendu des nouvelles. Nous attendons toujours. »

Clémence Martin : « Pas question de céder à l’amertume pour le pasteur Ayuba malgré le véritable cauchemar qu’il vit depuis 2 ans. Ce qui l’aide à tenir bon, c’est la lecture de la Bible. »

Pasteur Ayuba : «  S’énerver contre Dieu n’est pas la solution. Dieu est celui qui pourvoit. Et lorsqu’Il donne, nous le remerçions, c’est exactement ce qui est arrivé à Job, n’est-ce pas ? Sa femme est venue le voir et lui a dit : « Job, pourquoi, continues-tu à croire ? » Job a dit : « Femme, quand Dieu donne, nous sommes heureux. Pourquoi ne pas accepter aussi la souffrance ? Nous devons apprendre à être patients. »

Clémence Martin : «  La patience … un défi pour les chrétiens du Nord du Nigéria qui, depuis ces dernières décennies, doivent faire face à une hostilité grandissante.  D’autant que les sources de persécution sont multiples : la secte islamiste Boko Haram bien-sûr, mais aussi les élites politiques et religieuses du Nord ou encore les bergers peuls musulmans. Ces trois facteurs de persécution représentent un grave danger pour la minorité chrétienne du Nord et de la ceinture centrale du Nigéria.  Mais beaucoup, comme le pasteur Ayuba, ne perdent pas courage et continuent à placer leur confiance en Dieu. »

Virgule sonore

Clémence Martin : «  Le Chiffre c’est 40 000. 40 000 c’est le nombre de chrétiens qui ont fui la persécution liée aux bergers peuls musulmans en 2015.  Cette persécution est souvent liée à des questions de pâturages. Mais pas seulement. Il existe aussi des composantes politiques et religieuses à ces attaques. Les chrétiens Nigérians sont très encouragés de voir que les chrétiens du monde entier les soutiennent dans la prière. Terminons avec le pasteur Ayuba qui tenait à faire passer ce message : »

Pasteur Ayuba : «  C’est par vos prières que nous survivons, c’est grâce à la puissance de vos prières que nous survivons. Nous mettons notre confiance en Dieu mais aussi en vous ».

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