Elle a été parmi les premières missionnaires à se rendre en Asie Centrale après la chute de l'Union soviétique. Esther Amado (pseudonyme) a travaillé pendant 28 ans au service des chrétiens persécutés. Elle a effectué son premier voyage en Ouzbékistan en 1995 et a eu le privilège d'assister à la naissance de l'Église autochtone d'Asie Centrale. Elle se souvient:

Esther, vous avez assisté aux débuts d'une toute nouvelle église?

Oui! Il n'y avait aucune église autochtone établie dans les pays d'Asie Centrale. Pas même à la fin des années 90. Toutes étaient des églises russes ou coréennes. C'était vraiment une époque extraordinaire! J'ai été l'un des témoins privilégiés de la naissance de l'Église d'Asie Centrale. Et parfois, j'avais l'impression de vivre dans le livre des Actes. 

Que voulez-vous dire? 

La plupart des nouveaux chrétiens d'Asie centrale étaient très jeunes. Entre 15 et 25 ans. Ils apprenaient à connaître Jésus par des rêves, des guérisons et des miracles. Ils quittaient leurs maisons, leur travail, l'école et allaient de villages en villages, pour proclamer l'Évangile. Ils annonçaient aux gens que Jésus était vivant et qu'ils devaient le suivre. Ils n'avaient pas de bibles dans leurs propres langues. Ils n'avaient pas de bâtiments pour se rassembler. Mais toutes sortes de choses extraordinaires se produisaient. 

Quel a été le rôle de Portes Ouvertes? 

L'un de nos premiers projets a été de trouver des traducteurs et des organisations spécialisées dans la traduction de la Bible. Il a fallu mettre en place des projets pour fournir le Nouveau Testament, puis l'Ancien Testament, dans toutes les langues d'Asie Centrale. 

Et comme dans le livre des Actes, la persécution a commencé?

En Asie Centrale, l'islam est une religion traditionnelle: si vous êtes né en Ouzbékistan ou au Kazakhstan, vous êtes considéré comme musulman. Mais quand les jeunes ont commencé à se convertir, certains parents se sont inquiétés. Puis au bout de quelques années, les gens venaient au Seigneur par centaines! Alors les gouvernements ont commencé à être très inquiets. Ils avaient peur d'une révolte et ont introduit toutes sortes de lois contre la conversion. Les nouveaux convertis ont commencé à perdre leur emploi, à être chassés de leur famille, de leurs maisons. Et même à être menacés, voire battus. Certains sont même morts. Ils ne pouvaient pas avoir un beau bâtiment. Chanter à voix haute dans l'église et organiser des activités pour les enfants n'était pas autorisé. 

Comment avez-vous pu aider cette Église naissante? 

C'était en 1998/1999. Du jour au lendemain, tous les missionnaires occidentaux ont été renvoyés dans leur pays et n'ont pas pu revenir. La jeune église a dû s'organiser d'une autre manière, avec un système d'églises souterraines. Et dans ce domaine, nous pouvions les aider, nous qui avions déjà l'expérience de l'Europe de l'Est, de l'Union Soviétique et de la Chine. 

Pouvez-vous regarder 30 ans en arrière et décrire quel est l'impact du travail de Portes Ouvertes en Asie Centrale?

Ce n'était pas facile. Mais il y a eu tellement de bénédictions en Asie Centrale. Il y avait tant de personnes qui ont trouvé le Seigneur et qui ont été aidées par la suite. Elles ont trouvé une nouvelle famille, non seulement dans leur pays, mais partout dans le monde. Les chrétiens d'Asie Centrale savent que nous prions pour eux et que nous les aidons. 

Ma rencontre avec eux m'a apporté une certaine profondeur dans ma vie de foi. Et c'est une leçon d'humilité. Au début, on pense être le grand frère ou la grande sœur: "Je connais le Seigneur depuis si longtemps! Et j'ai tellement de choses que je pourrais partager avec eux. Je vais les enseigner!" Mais non... Nous ne parlions pas la même langue. Certains d'entre eux ne savaient même pas lire ou écrire. Mais Dieu les a utilisés pour m'enseigner de nombreuses leçons. Et des leçons d'humilité, surtout.