Dans un village de l’Ouest du Sri Lanka, les chrétiens vivent sous la pression d’un moine et des autorités locales. Leur responsable, Ruwani, a choisi de ne pas céder.
À l’entrée de ce village retiré, une pancarte inhabituelle attire le regard le long de la route: «Un grand merci aux responsables religieux qui ont décidé de fermer le centre de prière chrétien inapproprié dans un village bouddhiste.» Ce n’est pas une plaisanterie. C’est la vie quotidienne de Ruwani (pseudonyme) et des 60 chrétiens qui fréquentent son église de maison.
Déjà en 2016, Ruwani avait dû quitter le village dans lequel elle habitait, car l’officier de police en poste là-bas lui interdisait de diriger une église de maison. Elle est arrivée dans ce nouveau village en 2023. Dès son installation, des villageois conduits par un moine ont essayé d’empêcher le déroulement des cultes de maison. Ruwani et sa famille ont prié et le calme s’est installé. Les cultes de maison ont pu avoir lieu.
Un chrétien hospitalisé
Mais en août 2025, tout s’est gâté. Le même moine est revenu à la charge, cette fois-ci avec 40 villageois. La foule a bloqué l’accès à l’église, en criant: «Ceci est un village bouddhiste! Pas de cultes ici! Allez ailleurs adorer votre Dieu!» Les chrétiens ont tenté de résister en répondant: «Nous ne dérangeons personne en vivant notre culte.» Une dispute s’est alors déclarée, trois chrétiens ont été physiquement blessés et l’un d’entre eux a dû être hospitalisé. Depuis ce jour, les cultes de maison ont cessé.
Ruwani a porté plainte auprès de la police. Elle y a malheureusement retrouvé le même officier que celui du village qu’elle avait quitté en 2016. Il n’a strictement rien fait pour le chrétien hospitalisé. «Il est venu nous voir. Il nous a dit que c’était un village bouddhiste, que tout le monde devait respecter et craindre le moine. Il nous a forcés à arrêter les cultes.»
Lettres de menaces
Depuis, les chrétiens sur place reçoivent des lettres de menaces. Un incendie s’est même déclaré près de la maison de Ruwani. Elle a été prévenue que, la prochaine fois, sa maison serait détruite par le feu. Désormais, la famille de Ruwani se relaie pour qu’il y ait toujours quelqu’un à domicile.
Prévenus des difficultés de Ruwani, les partenaires locaux de Portes Ouvertes ont aidé la famille à installer des caméras de vidéo surveillance. Depuis, il n’y a plus d’intrus sur le terrain.
Les tribunaux, dernier recours
Ruwani a cherché de l’aide auprès de son union d’églises. Cependant, les responsables lui ont juste conseillé de... déménager ailleurs. «Je ne peux pas faire cela, a répondu Ruwani. Je m’occupe de ces chrétiens. Je ne peux pas les laisser.»
«On ne peut pas s’enfuir et se cacher chaque jour. Je suis prête à affronter le problème et me battre pour mes droits.»
Après avoir longtemps prié, Ruwani souhaite plaider sa cause devant les tribunaux.