Dans la plupart des pays d’Asie Centrale, la surdité – ou plus largement le handicap – est vue comme une malédiction de Dieu. Cette exclusion commence dans les foyers: peu de familles apprennent à communiquer avec leur enfant sourd.

Rejetés dès la naissance

Les personnes sourdes grandissent donc à l’écart, ignorées et rejetées, parfois cachées par leurs familles. Sans accès à l’école ni à la langue des signes, elles dépendent d’emplois précaires pour survivre.

«Personne ne veut nous engager ni même nous approcher.» — Aktash

Aktash (pseudonyme), un chrétien sourd, explique cette difficulté à obtenir une situation stable: «Nous vivons souvent de tâches pénibles et sales. Nous savons que c’est à cause de notre surdité.» Ce regard sur leur handicap est profondément blessant.

L’absence de communication enferme les personnes sourdes dans un étau: incapables de parler… et privées d’écoute. Mais pour celles qui décident de suivre Christ, l’isolement atteint un autre niveau.

Le prix d’une foi assumée

Dans les pays majoritairement musulmans, la conversion au christianisme est perçue comme une trahison. «Quand mes parents ont su que j’étais devenue chrétienne, explique Lola (pseudonyme), ils m’ont dit: “C’est fini, tu es définitivement maudite par Allah. Tu n’existes plus pour nous.”»

Le rejet familial peut parfois aller jusqu’aux violences physiques. «Quand des maris découvrent que leurs femmes vont à l’église, ils les battent, témoigne Naira (pseudonyme), partenaire de Portes Ouvertes. Beaucoup pleurent quand elles nous racontent leur histoire.»

Les chrétiens sourds sont donc doublement rejetés: d’abord à cause de leur handicap, ensuite à cause de leur foi. Ils vivent dans une société qui ne les comprend ni ne les accepte, et sous un régime post-communiste où les autorités soupçonnent encore les croyants d’être des espions.

Un Dieu qui entend

Pourtant, ils s’accrochent à une rencontre radicalement différente: celle avec un Dieu qui les voit, qui les entend et qui les aime tels qu’ils sont. Lola raconte avoir compris pour la première fois de sa vie qu’elle n’était «ni maudite ni oubliée».

«Avant, je pensais que je n’avais aucune valeur. Mais quand j’ai compris que Jésus m’aimait telle que je suis, tout a changé.»

Leur handicap et leur foi, qui n’étaient jusqu’ici que synonymes d’exclusion, deviennent un refuge. Ils comprennent qu’ils ne peuvent pas garder cette Bonne Nouvelle pour eux et cherchent alors à la partager avec d’autres personnes sourdes.

Répandre la joie

Aktash sillonne les villages alentour avec son scooter pour rejoindre ces croyants isolés. Pour lui, la surdité n’est plus une faiblesse: c’est une source de joie.

Aktash voit dans son handicap un don que Dieu utilise:

«Je remercie Dieu d’être sourd. Grâce à cela, je peux parler aux sourds d’une manière que les entendants ne peuvent pas comprendre.»

Le ministère d’Aktash s’exerce cependant dans la discrétion. Les réunions entre chrétiens sourds se tiennent parfois de nuit, pour échapper à la police et aux dénonciations: «Je connais les lois, je sais qu’il est interdit de parler du christianisme. Je sais qu’ils peuvent me mettre en prison s’ils découvrent que je partage l’Évangile, mais je sais que Dieu ne m’abandonnera pas parce que je fais Son œuvre.»

Le silence devient lumière

Portes Ouvertes ne mène pas d’activités d’évangélisation, mais soutient ceux qui, comme Aktash, vivent leur foi dans des conditions extrêmes. Les besoins qu’ils expriment sont très clairs: ils demandent vos prières.

Voici les mots de Naira: «Je voudrais vous demander de prier pour les familles, pour les sourds et malentendants, pour tous les musulmans, afin que la Parole de Dieu leur parvienne. Priez que Dieu protège ceux qui parlent de Lui au péril de leur vie.»

Dans le vacarme du monde, le témoignage des sourds nous rappelle une vérité essentielle: rien n’étouffe le message de l’Évangile, il brise même les murs du silence.