«Qui êtes-vous ? Pourquoi voulez-vous assister au culte ?...» En Chine, les responsables chrétiens sont amenés à interroger eux-mêmes les nouveaux venus dans leur église par crainte des descentes de police.

Des contrôles inopinés suivis d’arrestations

Début juillet, l'Église Réformée de la Bible, à Guangzhou, capitale de la province méridionale de Guangdong, a dû interrompre son office pour la troisième fois en un mois. Des fidèles ont été arrêtés et interrogés.

«Nous commencions tout juste le culte lorsque 30 à 40 membres du personnel de la brigade d'application de la loi culturelle et de la police sont venus et ont fait une descente dans le lieu où nous nous réunissons», raconte le pasteur Huang Xiaoning.

Les instances locales subissent elles-mêmes une pression du gouvernement pour agir contre les églises. Elles les forcent à fermer ou leur font payer de lourdes amendes. Le bureau des Affaires religieuses a ainsi contraint l’assemblée du pasteur Huang Xiaoning à payer une amende de 50 000 yuans (environ 6 400 €).

«Cache-cache» avec les autorités

Les chrétiens sont surveillés dans leurs activités et déplacements, et deviennent très prudents à l’égard des autorités. La menace d’arrestation ou de fermeture de leurs lieux de culte pèse sur eux. En réponse à ces pressions gouvernementales, les chrétiens délocalisent souvent leurs réunions en églises de maison et autres rassemblements moins importants pour éviter d’être tracés. Les responsables d’églises hésitent aussi à inscrire leur assemblée aux bureau des Affaires religieuses de peur que leurs informations ne soient utilisées à mauvais escient.

Le 25 juillet, 34 églises de Pékin ont lancé un appel au gouvernement pour que la liberté et les droits des citoyens religieux soient respectés.

Le gouvernement veut contrôler l’Église

Le gouvernement se méfie des églises qui attirent les foules et ont accès aux réseaux internationaux grâce à leurs échanges avec des familles d'églises à l'étranger. Les églises constituent la force sociale la plus importante et la plus organisée du pays et échappe au contrôle du pouvoir communiste.

Le pasteur Huang a d’ailleurs été interpelé en 2017 pour avoir mis en place une formation avec un intervenant extérieur, suspect selon le gouvernement. 

Le 1er février 2018, de nouvelles lois sur la religion sont entrées en vigueur. Elles définissent le cadre administratif des activités religieuses, et, selon l’État, visent à «protéger la liberté de croyance religieuse des citoyens». Dans la pratique, elles permettent au gouvernement d’augmenter son contrôle sur les activités religieuses des citoyens chinois.