En Érythrée, au-delà de sa mainmise sur l'Église orthodoxe, l'État continue de persécuter les chrétiens. Pour Jo, notre partenaire local:

«La situation des chrétiens en Erythrée est extrêmement préoccupante. Les chrétiens qui n'appartiennent pas aux églises reconnues sont surveillés et emprisonnés.»

Des centaines de chrétiens emprisonnés sans procès

Le 10 mai, 2 chrétiens ont été arrêtés à Asmara. Ils sont actuellement détenus dans le 2ème plus grand commissariat de la capitale. Les circonstances de ces arrestations ne sont pas claires. Mais il semblerait qu'ils aient été arrêtés parce qu'ils pratiquaient leur foi en dehors des églises officielles.

Jo ajoute: «Quant aux dénominations reconnues, elles subissent continuellement l'ingérence de l'État...»

Le 13 mai, le ministre érythréen de l'information a annoncé la nomination d'Abune Qerlos au poste de patriarche de l'Église Orthodoxe d'Erythrée. Si Abune Qerlos est à la tête de l'Église Orthodoxe aujourd'hui, c'est parce qu'il a été adoubé par le gouvernement. Sa mise en place officielle aura lieu le 13 juin.

L'un de ses prédécesseurs, Abune Antonios, avait été destitué par le pouvoir. La raison: avoir dénoncé publiquement l'ingérence du gouvernement érythréen dans les affaires de l'Église. Une démonstration de force qui s'oppose aux traditions de l'Église. C'est elle qui normalement nomme le patriarche, qui exerce sa fonction jusqu'à sa mort. 

Le gouvernement érythréen ne reconnaît que 4 dénominations religieuses: l'islam, l'Église Orthodoxe, l'Église catholique et chez les protestants, l'Église luthérienne.

L'Érythrée a obtenu son indépendance en 1993. En 2002 elle a fermé toutes les églises qui n'appartenaient pas aux 3 dénominations chrétiennes autorisées. Depuis, les chrétiens accusés de pratiquer leur foi en dehors de ces églises reconnues sont arrêtés en masse. Ils sont détenus dans des conditions inhumaines dans des centres de détention officiels et officieux.