Un exode massif d'enseignants

Caleb Mutangia Mutua, 28 ans, Titus Sasieka Mushindi et Samuel Mutua, 29 ans enseignaient dans l'école Kamuthe dans la région de Garissa au Nord-Est du Kenya. Le 13 janvier, des islamistes shebabs ont attaqué l'école et les ont tués parce qu'ils étaient chrétiens. Cette attaque n'est que la dernière en date d'une longue et meurtrière série qui entraine un véritable exode des enseignants chrétiens travaillant dans la région.

On ne sait pas encore exactement combien d'écoles ont fermé suite au départ de milliers d'enseignants chrétiens qui craignent les attaques à la fois des shebabs mais aussi de la branche d'Al-Qaïda active dans la région. 

En janvier, sur 4000 enseignants en primaire et secondaire, au moins 2340 ont demandé à être mutés hors de la région. Auparavant, 836 avaient déjà quitté Garissa, 287 avaient quitté Wajir et 964 avaient quitté Mandera. Un pasteur témoigne: 

«Quand les professeurs sont partis, certaines écoles ont fermé pendant 2 semaines puis ont réouvert mais dans les zones rurales les écoles restent fermées.»

La situation est telle que les enfants risquent de se retrouver privés de scolarité dans les régions frontalières avec la Somalie. La situation a même été débattue au Parlement.

    Une trentaine d'enseignants chrétiens tués en 6 ans

    Les attaques ne se comptent plus dans la région, en 2014, les islamistes ont attaqué un bus à Mandera faisant 28 morts dont 22 enseignants chrétiens qui rentraient chez eux pour Noël.

    En octobre 2018, deux professeurs chrétiens d'une école de garçon de Mandera ont été tués. Quelques mois plus tôt 3 enseignants avaient été abattus de sang froid dans l'école où ils enseignaient à Wajir.

    Le Nord-Est du Kenya, majoritairement musulman, est peuplée de Somalis, des bergers se déplaçant avec leurs troupeaux. C'est pourquoi il est difficile de recruter des enseignants locaux et les écoles de la région font appel à des professeurs venus du reste du pays, où vit une population à majorité chrétienne. Une situation qui ne plaît pas aux islamistes. Le 23 février, les shebabs ont d'ailleurs diffusé une vidéo dans laquelle ils appellent la population à chasser les non musulmans du pays si ceux-ci ne partent pas d'eux-même.