Asia Bibi a accueilli la nouvelle avec joie selon un proche de la famille : « Elle était ravie et pleine d'espoir; elle a réagi avec une grande foi, louant Dieu ». Le procès en appel de la première femme pakistanaise condamnée à mort pour blasphème aura bientôt lieu. Le président de la Cour suprême pakistanaise s’est publiquement engagé à siéger lui-même à la Cour suprême. « Tenez-vous prêt, je vais bientôt régler cette affaire et je présiderai moi-même l’audience », a-t-il déclaré à Saif ul Malook, l’avocat d’Asia Bibi.  

Il s’agit de l’ultime recours en justice contre l’accusation de blasphème qui avait conduit le tribunal à prononcer la peine capitale à l’encontre d’Asia Bibi en 2010, décision suspendue en 2015, puis en 2016.

Procès à haut risque

Le cas d’Asia Bibi est extrêmement délicat et dangereux au Pakistan. De nombreux extrémistes islamiques réclament que la peine de mort soit appliquée. Il n’est pas sûr que la chrétienne pakistanaise puisse assister à son procès, sa tête ayant été mise à prix. Son avocat vient d’être à nouveau placé sous protection policière. Même si Asia Bibi est innocentée, elle risquerait d’être tuée à tout moment. Les juges eux-mêmes seraient en danger.

En 2009, Asia Bibi avait été accusée de blasphème suite à une dispute entre ouvrières agricoles autour d’un verre d’eau. L’affaire a pris des proportions vertigineuses avec l’assassinat du gouverneur Salmaan Taseer et du député Shahbaz Bhatti, qui avaient pris la défense d’Asia Bibi en 2010.

La loi anti-blasphème en cause

La minorité chrétienne de ce pays est discriminée et subit une violente persécution. Elle est aussi particulièrement touchée par la loi anti-blasphème. Les chrétiens représentent environ 4% de la population totale, mais 12% des 691 cas de blasphème enregistrés  en 2015 impliquent des chrétiens. La loi sur le blasphème entraîne de dramatiques situations et de graves manquements à la liberté d’expression et de religion.