
Des chrétiens sont ciblés par des attaques dans de multiples régions de la Ceinture Centrale du Nigéria, dans ce qui ressemble à une opération coordonnée.
Il y a deux semaines, des attaques meurtrières ont frappé les chrétiens dans les États de Benue, de Taraba et de Plateau. Au total, ce sont 5000 personnes qui se retrouvent déplacées de force, fuyant les violences.
Benue: représailles contre un évêque trop engagé?
Une série d’attaques coordonnées d’extrémistes fulanis, munis d’armes à feu, a touché tour à tour les villages de Tse-Ubiam, Tyolaha, Aondona, Ahume, Yelewata… tous situés dans le diocèse de Wilfried Anagbe. Or, cet évêque engagé venait justement de dénoncer, lors d’une tournée aux États-Unis et en Europe, la persécution des chrétiens dans son pays…
Outre les dizaines de tués, on a ouvert le feu sur un prêtre local, le père Solomon Atongo, qui revenait justement du service funéraire de deux prêtres précédemment assassinés. Blessé à la jambe, il a survécu, mais deux hommes qui l’accompagnaient ont été kidnappés.
Tabara: les méthodistes ciblés par des djihadistes
Alors que les attaques commençaient à Benue, le même jour (samedi 24 mai) à 400 kilomètres de là, ce sont les familles des villages «Munga» dans l’État de Tamara qui sont ciblées par des djihadistes. Soja Emmanuel, un survivant, témoigne:
«Ils sont arrivés vers 2 heures du matin en tirant. Les gens se sont précipités pour se cacher dans la brousse. Certains n’y sont pas parvenus…»
L’évêque Ande Emmanuel, de l’Église Méthodiste Unie, décompte 24 tués parmi ses paroissiens.
Plateau: des chrétiens pris au piège
La même semaine, dans l’État de Plateau, des dizaines de chrétiens sont pris au piège dans les forêts et les montagnes de Bokkos, sans parvenir à s’échapper alors que des extrémistes fulanis sillonnent la région et tuant des civils. Le mercredi 28 mai, ces derniers ont même attaqué au cimetière le service funéraire de leurs victimes du dimanche précédent.
Quelle sécurité pour les chrétiens?
L’ampleur des attaques a engendré de multiples critiques contre les gouverneurs des États concernés, alors que des failles de sécurité sont pointées du doigt.
John Samuel, expert pour l’Afrique Subsaharienne à Portes Ouvertes, explique: «La persécution des chrétiens au Nigéria a atteint un tel niveau que les observateurs peinent à tenir le compte des victimes. Quand le diocèse d’un évêque ayant courageusement dénoncé la persécution doit ensuite enterrer des dizaines de ses paroissiens, cela pose de sérieuses questions. Beaucoup ne se sentent plus en sécurité du simple fait de leur identité chrétienne. Nous appelons le gouvernement du Nigéria à faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les communauté chrétiennes vulnérables, et les croyants du monde entier à prier pour ceux qui souffrent.»