«C'est une première dans l'histoire judiciaire du Pakistan. C'est un jugement très spécial de la part de la Cour suprême.» C'est ainsi que le 6 janvier dernier, l'avocat de Nadeem Samson a commenté la libération sous caution de son client, un chrétien détenu depuis 5 ans pour blasphème. 

En effet, les tribunaux pakistanais rejettent régulièrement les libérations sous caution des personnes accusées de blasphème. Notamment quand les accusations portées sont graves et passibles de la peine de mort.

Condamné pour un différend immobilier

Samson, 42 ans, a été arrêté et accusé de blasphème en novembre 2017 à la suite d'un différend immobilier. Si sa libération de la détention provisoire est une bonne nouvelle, elle ne signifie pas pour autant un acquittement. L'affaire reste en suspens devant le tribunal de district de Lahore, où une issue peut prendre des années.

Samson n'est pas non plus en sécurité hors des murs de la prison. Quand Asia Bibi a été acquittée des accusations de blasphème en 2019, elle a dû quitter le pays. AsiaNews a rapporté en décembre que les proches de Samson se cachaient ou avaient quitté le pays.

Un sujet explosif 

Le blasphème est un sujet explosif au Pakistan à majorité musulmane. Selon la législation anti-blasphème, une condamnation est passible de la peine de mort. Les lois anti-blasphème sont souvent utilisées pour régler des comptes ou pour cibler ceux qui appartiennent à l'une des minorités religieuses du pays. Selon le dossier de Portes Ouvertes Pakistan, ces lois «touchent en particulier la minorité chrétienne, compte tenu de son pourcentage global de la population, et pas seulement les pauvres.»

Le 3 janvier, une cour de session de Rawalpindi a condamné à mort le pasteur protestant Zafar Bhatti pour avoir envoyé des SMS blasphématoires, une accusation qu'il nie. Le pasteur Bhatti avait fait appel d'une peine de prison à vie prononcée par un tribunal en 2017. Il a 56 ans et a été arrêté et détenu en 2012, ce qui ferait de lui le plus ancien prisonnier du Pakistan pour blasphème.

Sources: UCAN et Asia News