Le Parlement ouzbèke débat d'une loi qui sanctionnerait les parents d'enfants participant à des activités religieuses «illégales». Amendes et prison sont au menu.
Le gouvernement ouzbèke cherche à réduire encore plus les possibilités accordées aux enfants de recevoir une éducation religieuse. Fin juin, une proposition de loi a été présentée au Parlement visant à sanctionner les parents ou les tuteurs d’enfants participant à des activités religieuses «illégales». Si un enfant était pris en flagrant délit, ses parents ou responsables légaux devraient payer une amende équivalente à un mois de salaire et risqueraient de passer 15 jours en prison!
«Mais qu’est-ce que le gouvernement ouzbèke considère comme ‘illégal’» s’interroge Rolf Zeegers, analyste de la persécution chez Portes Ouvertes. L’article 240 du Code civil cite deux critères: pour œuvrer auprès d’enfants, les églises ouzbèkes doivent d’abord s’enregistrer officiellement auprès de l’État, puis obtenir une autorisation officielle pour accueillir des enfants. Sans cela, toute activité religieuse à destination des enfants est considérée comme «illégale».
«Je suis contre!»
Certes, les sanctions prévues contre les parents et tuteurs ne sont pas encore votées. Et les avis publiés par la société civile sur le site Internet du Parlement sont quasiment tous hostiles. Par exemple: «Je suis contre! Les parents devraient pouvoir décider comment éduquer et élever leurs enfants. Cette proposition de loi réduit la liberté de choix des gens.»
«Nous voulons une éducation religieuse légale pour nos enfants!»
Le porte-parole de la chambre basse du Parlement, Rakhmatjon Umarov, en a conscience. «Nous sommes au courant des commentaires. Nous allons les étudier et en discuter». Actuellement, c’est la commission chargée des «institutions démocratiques» du pays qui planche sur la question. Prions donc pour que la chambre basse du Parlement prenne la bonne décision au moment du vote, dont la date n’est pas encore fixée.
Liberté réduite dans toute l'Asie Centrale
En élaborant cette proposition de loi, l’Ouzbékistan s’inscrit dans la même ligne politique que tous ses voisins d’Asie Centrale. Au Kirghizstan, Kazakhstan et Turkménistan, un enfant ne peut participer à des activités religieuses qu’avec l’accord écrit de ses deux parents, et uniquement au sein d’églises officiellement reconnues. Or, une trace écrite des parents met leurs vies professionnelles en danger. Au Tadjikistan, aucun mineur de moins de 18 ans n’a plus le droit d’aller à l’église. Or les adolescents représentent la moitié des membres des églises! En Azerbaïdjan, les enfants ont le droit de fréquenter les églises officielles seulement. La liberté de religion pour les mineurs en Asie Centrale est loin d’être gagnée…