Quand on parle de chrétiens secrets, on pense tout de suite aux convertis de l'islam au Moyen-Orient. Et pourtant, en Amérique latine, loin de toute influence musulmane, de nombreux frères et sœurs en Christ doivent garder leur foi toute aussi secrète. Ils sont issus des peuples autochtones–dont nous célébrons la Journée internationale en ce 9 août. 

Ces populations vivent dans des contextes communautaires où la vénération des ancêtres et l'animisme sont obligatoires à cause de leur appartenance ethnique. Descendants des Mayas, des Aztèques ou des Incas, ils ont aujourd'hui l'obligation d'adorer les divinités ancestrales. À cause des crimes commis par les conquistadors au XVIe siècle, le christianisme est vu comme l'ennemi à abattre et tout indigène qui se convertit aujourd'hui à Christ est traité comme un traître et un criminel.

Prier à voix basse

Pour célébrer la Journée internationale des peuples autochtones, nous avons choisi de vous présenter la situation de trois chrétiens clandestins en Colombie, dont la liberté de religion est pourtant garantie par leur propre Constitution.

Maria (pseudonyme) est issue de l'ethnie arhuaco, mère célibataire de deux filles, convertie à Christ en secret depuis 4 ans, suite à une rencontre avec un missionnaire.

«Avec ce qu'on m'a enseigné, j'ai compris que Jésus était le seul qui puisse me sauver» - Maria

Mais le père de Maria est un «mamo» (responsable religieux traditionnel), et si la foi de Maria était découverte, elle pourrait perdre la garde de ses filles. «À l'école, on leur enseigne les croyances arhuaco et j'ai peur que ça les embrouille. Je leur apprends à prier et à chanter des cantiques, mais je leur demande de ne jamais rien dire à personne de ce en quoi elles croient.»

Pour nourrir sa foi, Maria retrouve régulièrement d'autres chrétiens secrets, loin dans les montagnes, pour prier et chanter à voix basses.

Fouettés en public

Ils ont tous des histoires similaires. Martin (pseudonyme) a été accusé d'avoir adopté «les croyances de l'homme blanc». Lui et sa sœur ont été fouettés en public pour avoir prié. Puis Martin a passé trois jours en prison. Aujourd'hui, il reste discret à propos de sa foi. «Nous devons endurer la souffrance pour l'amour de Dieu.»

Alaya (pseudonyme) est issue de l'ethnie u'wa. Elle a été poursuivie par des villageois munis de machettes et pense que ses problèmes de santé ont été provoqués par des pratiques de sorcellerie à son encontre. Elle a fini par quitter son village, mais pas son église. Or, son lieu de culte a été vandalisé une nuit, inondée et les clés ont été volées.

«Ils ont contacté des gangs clandestins pour se débarrasser de nous» - Fabricio, pasteur.

Suite à ces violences, beaucoup ont abandonné la foi chrétienne, mais Alaya tient ferme. «J'ai décidé de suivre Jésus, même jusqu'à la mort. J'arrêterai d'aller à l'église le jour où je mourrai.»

En cette Journée internationale des peuples autochtones, prions pour que nos frères et sœurs comme Maria, Martin et Alaya puissent enfin jouir d’une véritable liberté de choisir leur propre Dieu, et puissent pratiquer leur culte en toute sécurité.