C’est le rapport de l’Alliance Évangélique du Sri Lanka qui a servi de détonateur. Dans ce document sont consignés 195 faits de persécution depuis la mise en place de l’actuel gouvernement, en 2015. Parmi les plus récents, on apprend par exemple que le 18 mai dernier une trentaine de moines bouddhistes ont attisé la colère d’une foule d’environ 2 000 manifestants contre un lieu de culte chrétien à Devinuwara (district de Matara).

Un avocat « trop bavard »

En se référant à ce rapport au cours d’une interview télévisée le 14 juin, l’avocat Lakshan Dias n’a pas hésité à dénoncer l’augmentation flagrante de l’intolérance religieuse au Sri Lanka. Son intervention a mis le feu aux poudres : dès le 16 juin le président Maithripula Sirisena rejetait ces affirmations. Le lendemain, le ministre de la Justice et des Affaires religieuses menaçait de démettre l’avocat Dias de sa profession en exigeant qu’il revienne sur ses déclarations et qu’il présente officiellement des excuses. « Ces menaces sont absolument répréhensibles », a répondu l’avocat, soutenu par plus de 200 défenseurs de la liberté d’expression.

Les chrétiens de plus en plus marginalisés

« J’apprécie et je félicite l’avocat pour ce qu’il a fait. Pourquoi remettre en cause la liberté d’expression que garantit notre Constitution ? », dit un responsable chrétien. Un autre chrétien confie : « Ces menaces m’inquiètent. Je préfèrerais que le gouvernement s’attaque sérieusement au problème de l’intolérance religieuse au lieu de laisser la marginalisation gagner les minorités qui dépendent de lui et demandent sa protection. »