Dans une petite ville du centre de l’Éthiopie, Jemal (pseudonyme) menait une vie paisible. Artisan habile et entrepreneur respecté, il avait bâti, avec son épouse Fatima (pseudonyme), un atelier de menuiserie et une petite fabrique de pièces métalliques. Leur commerce prospérait, leurs enfants grandissaient et ils rêvaient d’un avenir serein.

Un jour pourtant, leur vie a pris un tournant inattendu. Alors qu’ils avaient grandi dans une famille musulmane, Jemal et Fatima ont découvert l’Évangile et choisi de suivre Jésus-Christ. Ce choix, qui aurait pu les couper de leur entourage, n’a pas provoqué la rupture qu’ils craignaient. «Nous avons eu la grâce de ne pas être rejetés par notre famille, raconte Jemal. Nos proches n’ont pas approuvé notre décision, mais ils ne nous ont pas reniés. Cela nous a donné de la force.»

De la prospérité à la haine organisée

Pendant quelques années, le couple a continué de travailler et de vivre normalement. Mais dans leur quartier, la tension montait. De nouveaux discours radicaux circulaient dans les mosquées, attisant la méfiance envers les chrétiens. Petit à petit, des rumeurs se sont propagées. «On disait: ‘N’achetez rien chez Jemal. Ne lui donnez pas de travail. Mais laissez-le acheter chez vous.’» Le boycott s’organisait.

Puis, en septembre 2023, tout a basculé. Une foule d’extrémistes s’est rassemblée et a pris pour cible les chrétiens du quartier. Les flammes ont ravagé maisons et commerces. «Leur objectif était clair: éliminer le christianisme, dit Jemal d’une voix brisée. En une heure, tout ce que nous avions construit pendant quarante ans est parti en fumée, mes machines, mes outils, ma maison… tout.»

Jemal montre les photos de sa maison en flammes.

Fuir pour survivre

La famille n’a eu d’autre choix que de se réfugier dans l’enceinte d’une église dans une ville voisine, avec d’autres chrétiens. «Nous étions démunis, se souvient Jemal. Pas de maison, pas de ressources. Même louer un logement était impossible.»

À l’hôpital, sa fille enceinte a failli être rejetée. «On ne voulait pas la soigner parce qu’elle était chrétienne, raconte-t-il. Une médecin musulmane a finalement eu compassion pour ma fille et lui a prêté son propre voile pour qu’elle puisse être admise pour accoucher.»

La douleur était immense. Jemal, autrefois pilier de sa famille, se sentait impuissant: «Je me demandais comment nourrir mes enfants. Même si je sais que c’est Dieu qui pourvoit, j’étais submergé par la peur et l’angoisse.»

Comme Job, Jemal a connu le doute et le désespoir. «J’ai perdu le goût de marcher avec Dieu, dit-il. Ma fille hospitalisée, mes enfants dispersés… J’ai même eu envie de me venger.»

Mais le Saint-Esprit l’a ramené à la paix. «Nous sommes chrétiens, nous ne pouvons pas tuer car ce n’est pas ce que la Bible nous enseigne.»

Rejet… mais aussi gestes inattendus

Au milieu de la haine, Jemal a aussi vu des élans de gentillesse. «Certains musulmans nous ont aidés, dit-il avec reconnaissance. Ils ont partagé un peu de nourriture, de l’eau. Ils ont pris des risques en le faisant, car aider un chrétien pouvait leur attirer des problèmes.» Ces gestes, bien que rares, ont marqué Jemal: «Cela m’a rappelé que tous ne nous rejettent pas.»

Jemal a pu reprendre son travail grâce à votre soutien.

Mais le poids du rejet social restait lourd. «Nos voisins nous évitaient. Ils ne nous parlaient plus. C’était comme si nous n’existions plus. La pire douleur n’est pas toujours physique… c’est de voir la communauté que vous aimez vous tourner le dos.»

La foi plus vivante que jamais

Étrangement, cette souffrance a rapproché Jemal de l’Évangile. «Ce que j’ai lu dans la Bible, je l’ai vécu», dit-il. «Les apôtres ont été persécutés, tués, amputés. Leurs biens ont été détruits. Moi aussi, j’ai vu mes biens brûler. Et au lieu de m’éloigner de Dieu, ma foi est devenue plus forte.»

Il ajoute: «Suivre Christ a un prix, c’est un chemin de sacrifices. Mais je comprends mieux maintenant l’amour de Dieu. Loué soit Son nom!»

Aide et reconstruction

Rapidement, les partenaires de Portes Ouvertes ont apporté de la nourriture, des soins et un accompagnement psychologique. «Sans eux, nous serions morts de faim», dit Jemal. Le soutien ne s’est pas arrêté là: de nouvelles machines et des matières premières lui ont été offertes pour relancer son atelier. «Sans cet équipement, nous aurions dû vendre nos terres. Cela nous a sauvés.»

Jemal, sa femme Fatima, et leur famille.

Mais la vie reste dure. Ses enfants, traités à l’école d’«infidèles», ont dû être déplacés. Dans leur quartier, beaucoup refusent de leur vendre des produits ou gonflent les prix. Pour survivre, les chrétiens se sont organisés: «Une personne va dans une autre ville acheter pour tous. Nous partageons ensuite équitablement.»

Espérance au cœur de l’adversité

Malgré ces épreuves, Jemal choisit l’espérance: «Quand je vois des musulmans d’autres villes venir à Jésus, je me réjouis. Quand je vois notre église se remplir malgré tout, j’ai de l’espoir. Notre Dieu est le Dieu de l’espérance.»

Et il lance un appel: «Beaucoup de chrétiens en Éthiopie et en Afrique Subsaharienne vivent ce que nous avons vécu. Ils ont besoin de soins, de moyens de subsistance. Un chrétien peut être comme un remède pour un autre chrétien.»

Comment Agir?

Face à la violence envers les chrétiens en Afrique Subsaharienne, Portes Ouvertes a lancé la campagne «Afrique: Unis contre la violence». Vous pouvez vous joindre à cette campagne pour soutenir nos frères et sœurs qui subissent de plein fouet cette persécution.

  • PRIEZ pour Jemal avec les sujets de prière ci-dessous. En vous abonnant au Fil Rouge, recevez un sujet de prière par email chaque semaine.
  • DONNEZ pour soutenir les projets comme ce centre d'accompagnement post-traumatique au Nigéria.
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