
Yasin a supplié Dieu de se révéler à lui. Quand cela s’est produit, tout a changé... et le danger est arrivé.
Aujourd’hui, deux principaux groupes suivent Jésus en Irak. D’un côté, les chrétiens nés dans des familles chrétiennes, souvent catholiques ou orthodoxes, d’origine assyrienne ou chaldéenne. Ils représentent la majorité des chrétiens en Irak. Ils ont la liberté de culte, possèdent des bâtiments d’église et vivent souvent dans des zones majoritairement chrétiennes. Leur principale restriction est qu’il leur est interdit d'évangéliser. IIs ne peuvent donc pas partager leur foi avec des musulmans ou des Yazidis.
L’autre groupe est composé de personnes nées dans des familles musulmanes mais qui se sont converties au christianisme. Ces chrétiens subissent une persécution féroce jusqu'à parfois payer de leur vie leur décision de suivre Jésus.
Yasin est l’un d’eux. Depuis sa conversion, il a été rejeté par sa famille élargie, battu par son frère, et plusieurs fois menacé de mort.

«J’ai grandi dans une famille musulmane, commence Yasin. Mon comportement était tribal et violent. C’est comme ça que j’ai été élevé. Je pensais que c’était la bonne façon de vivre. Jusqu’à l’âge adulte, j’ai suivi la loi islamique et j’allais à la mosquée, mais cela ne me convenait pas.»
«Aller à la mosquée était devenu une habitude, pas un acte de foi. Je n’aimais pas l’islam… vraiment pas.»
À cette époque, Yasin s'interrogeait sur certains actes réalisés au nom de l'islam, notamment la campagne Anfal de 1988, où le régime de Saddam Hussein a massacré les Kurdes ruraux, faisant entre 50 000 et 100 000 morts selon les estimations.
«Lors du massacre d’Anfal, personne dans le monde arabe ou musulman ne s’est indigné. Je me suis dit: "ça ne peut pas être Dieu. Si Dieu existe, pourquoi ce massacre ?"»
Yasin s’est alors tourné vers Dieu pour le questionner.
«Dieu, si tu existes, je ne veux pas pécher, je veux vivre avec toi. Révèle-toi à moi.»
Mais aucune réponse.
Après deux ans de prière, Yasin cessa progressivement d’aller à la mosquée. Ses amis s’en inquiétèrent mais lui prétextait toujours des contraintes professionnelles.
Un rêve qui a tout changé
Une nuit, Yasin eu un rêve. Il a vu le monde séparé en deux groupes de moutons: les moutons noirs et les blancs. Il ne comprenait pas ce que cela voulait dire. Puis, toujours dans son rêve, un homme s’est approché.
«Il était magnifique, je ne pouvais pas détourner le regard. Il avait les cheveux longs, un foulard sur la tête. Il a posé sa main sur ma tête et m'a dit: "Tu es mon enfant bien-aimé. Voici le chemin, suis-moi." J’ai demandé: "Où dois-je aller?" Il répondit: "Suis les moutons blancs."»
À son réveil, Yasin était confus. Un ami musulman lui dit que c’était un rêve du diable, mais Yasin n’y croyait pas.
Un ami chrétien le mit en relation avec un pasteur ayant de l’expérience avec d’autres convertis issus d’un arrière-plan musulman. «Le pasteur m’a demandé si j’étais musulman, raconte Yasin. Je lui ai répondu: "Je ne crois pas en l’islam et je ne le pratique pas. J’ai cessé d’y croire. Mais selon mes origines, je suis musulman."»

Le pasteur a prié pour que le Saint-Esprit guide Yasin sur le droit chemin. Après quoi, Yasin a été conduit à un autre pasteur, lui aussi d’arrière-plan musulman, pour lire la Bible. C'était la première fois que Yasin lisait la Bible.
«J’ai pleuré en découvrant la beauté de ces paroles. Le tout premier passage que j’ai lu dans ma langue était Matthieu 5, le Sermon sur la montagne. Les paroles de Jésus ont apporté la paix dans mon cœur.»
À la recherche de Jésus
Ce premier contact avec la Parole de Dieu a éveillé en Yasin une profonde faim spirituelle. Mais comme beaucoup d’autres musulmans, la notion biblique de Jésus comme Fils de Dieu lui était difficile à comprendre. L’islam enseigne que Jésus est un prophète — mais l’assimiler à Dieu est considéré comme un blasphème.
Pour assouvir sa soif de réponses, Yasin a pu participer à plusieurs conférences chrétiennes jusqu'à devenir disciple de Jésus en 2010.
«C’est devenu clair pour moi que Dieu existe en trois personnes: le Père, le Fils et le Saint-Esprit, dit-il avec enthousiasme. Les trois se complètent.»
L’une des conférences à laquelle Yasin a participé avait été organisée grâce au soutien des partenaires locaux de Portes Ouvertes au Moyen-Orient. En 2024, environ 200 personnes en Irak ont pris part à ces conférences, destinées à aider les nouveaux croyants à mieux comprendre la Bible et les enseignements du christianisme. Pour des personnes comme Yasin, ces conférences sont essentielles à leur croissance spirituelle, c’est pourquoi Portes Ouvertes continue de les proposer.
En tant que nouveau croyant, Yasin souhaitait aussi intégrer une église. Après avoir perdu la plupart de ses anciens amis à cause de sa conversion, le fait de rejoindre une communauté de croyants signifiait pour lui retrouver une famille spirituelle. «Dieu m’a donné de nouveaux amis à l’église, se souvient-il. Ils sont devenus de très bons amis.»
Se détourner de l’islam pour sa convertir à une autre foi est considérée comme une chose très grave en Irak (et dans tout le Moyen-Orient), cela entraîne presque toujours des persécutions. Au début, Yasin a donc gardé sa foi secrète, même vis-à-vis de sa femme et de ses enfants. Il avait une bible chez lui, mais en avait caché le titre avec du ruban adhésif pour ne pas qu’on la reconnaisse.
D’un homme violent à un serviteur
En dépit des précautions mises en place, il n’a pas fallu longtemps pour que sa famille découvre sa conversion, car Dieu avait déjà commencé à transformer Yasin, jusque dans son comportement. «Avant ma conversion, j’étais vraiment violent envers ma famille, confie-t-il. Mais Jésus dit que nous devons être des serviteurs. J’ai commencé à servir ma famille; ma femme et mes enfants se demandaient pourquoi je me comportais ainsi.»
Environ cinq mois après sa conversion, Yasin a fini par révéler à sa femme que son changement venait de sa rencontre avec Jésus. «Je lui ai dit que j’avais une bible, se rappelle-t-il. Elle était sous le choc et m’a demandé comment je pouvais avoir un tel livre à la maison. Elle craignait que Dieu mette le feu à notre foyer.»

Lorsque sa femme lui a demandé de revenir à l’islam, Yasin l’a mise devant la vérité. «Que préfères-tu? L’homme violent que j’étais, ou le serviteur que je suis devenu grâce à ma foi? L’Évangile m’a transformé en une meilleure personne.»
En voyant le changement positif dans la vie de Yasin, sa femme et ses enfants ont décidé de ne pas parler autour d’eux de la présence d’une bible. «Tant que tu es bon avec nous, nous n’avons pas de problème avec le fait que tu lises la Bible. Mais nous, nous ne la lirons pas», lui ont-ils dit. Sa femme a donc réagi avec une grande douceur — ce qui est rare au Moyen-Orient, où de nombreux conjoints choisissent de divorcer lorsqu’un époux se convertit au christianisme.
Après cette réponse bienveillante, Yasin s’est senti libre d’inviter d’autres chrétiens chez lui. «Beaucoup de chrétiens ont commencé à nous rendre visite, raconte-t-il. Des pasteurs et des évangélistes sont venus aussi, et ils ont interagi avec ma famille. Ma femme et mes enfants ont vu que les chrétiens sont des gens dignes de confiance; mes enfants les ont appréciés.»
Sa femme et ses enfants n’étaient pas encore chrétiens — du moins pas au départ. Yasin faisait donc face seul à la persécution.
«Mon frère est venu pour me tuer»
Le comportement de Yasin a commencé à attirer l’attention de la communauté. Les gens se demandaient pourquoi il n’allait plus à la mosquée et pourquoi il passait tant de temps avec des chrétiens.
«La plupart des gens de mon village ne savaient pas encore que j’étais chrétien», explique Yasin. Un jour, son frère lui a rendu visite; le mollah lui avait dit que Yasin distribuait des bibles et qu’il devait l’arrêter. «Mon frère a essayé de me tuer plusieurs fois. Une fois, il m’a cassé le nez.»

La persécution ne faisait que commencer. «Ils ont lancé un cocktail Molotov sur ma maison», dit Yasin. Par chance, le bâtiment n’a pas pris feu. «J’ai aussi reçu une lettre de menace, poursuit-il. Elle disait: "Si tu ne renonces pas au christianisme, on te tuera."»
Sa réponse? Comme beaucoup d’hommes du Moyen-Orient, Yasin a refusé de montrer sa peur: «Je ne me suis pas inquiété, car Jésus a dit: "Si vous demeurez en moi, personne ne peut vous nuire." Et je demeure en Lui.»
Il est clair que les Écritures lui donnent la force de vivre sa foi avec audace, malgré les risques.
«Jésus dit aussi: "Celui qui choisit ce monde perdra sa vie; mais celui qui renonce à sa vie pour moi la trouvera." Jésus est devenu le plus important pour moi, alors je ne m’inquiète plus pour le reste.»
Yasin a vite compris que la persécution ne viserait pas que lui. Il priait depuis des années pour que sa famille connaisse le Christ. Et Dieu a commencé à toucher les cœurs de ceux qu’il aimait le plus.
Son fils a été le premier à faire une rencontre divine avec Jésus, en 2013. «Mon fils était encore à l’école quand j’ai essayé de lui faire lire la Bible», explique Yasin. Il l’emmenait aussi à l’église dans différentes villes. Résultat: son fils est devenu chrétien.
Sa fille, elle, a mis environ un an de plus. Elle refusait de lire la Parole mais Yasin sourit en se souvenant de ce qui s’est passé ensuite. «Dieu m’a donné l’idée de lui demander de lire la Bible à voix haute pour moi, dit-il. Quand elle a commencé à lire, elle a aimé.»

Finalement, elle aussi a accepté Jésus. «Ma fille est étudiante en master et aujourd’hui, elle évangélise et prêche l’Évangile comme moi et mon fils, dit Yasin. Dieu a béni notre famille.» Quatre ans après sa fille, la femme de Yasin est elle aussi devenue disciple de Jésus.
«Il n’y a pas d’autre voie»
Aujourd’hui, Yasin doit gérer les conséquences de sa conversion pour lui-même et pour sa famille. Par exemple, ses enfants, qui espèrent se marier, sont rejetés. «Beaucoup d’hommes refusent ma fille parce que nous sommes des ‘infidèles’, explique-t-il. C’est pareil pour mon fils; personne ne veut de lui.» Malgré cela, Yasin ajoute: «Mes enfants sont heureux. Je crois que celui qui endure les épreuves fidèlement aura une grande place dans le Royaume de Dieu.»
Son village, lui, rejette complètement la famille. «Nous sommes seuls, dit Yasin. J’avais un magasin mais les gens du village ont publié sur les réseaux sociaux que je suis un infidèle et que personne ne devrait acheter chez moi. J’ai dû fermer.» Trouver un emploi s’est révélé impossible. Pour subvenir aux besoins de sa famille, Yasin travaille parfois comme berger pour d’autres.
«La persécution est continue. Mais il n’y a pas d’autre voie; je veux tout donner à Dieu. Jésus s’est offert pour moi. Il a été insulté, Il est mort sur la croix. Il a tout fait pour me racheter. Je ne le renierai pas car celui qui renie Jésus sera renié devant le Père céleste.»
Face à toutes ces attaques, Yasin s’accroche à la Parole de Dieu. «En vérité, soit tu choisis Jésus, soit tu choisis le monde.» Il marque une pause, puis ajoute: «Bien sûr, c’était, et c’est encore très difficile. J’ai eu peur. J’ai même des problèmes cardiaques à cause de tout cela.»
Le soutien des autres chrétiens a été crucial dans sa marche avec Jésus. Les partenaires locaux de Portes Ouvertes soutiennent son église, ce qui a permis à Yasin de participer à plusieurs séminaires et conférences qui l’ont aidé à grandir dans la foi et à mieux comprendre le christianisme.
Yasin est reconnaissant pour l’Église, elle l’a aidé à grandir dans sa foi et à se rapprocher de Dieu. «L’Église aide les croyants à s’affûter les uns les autres, comme le fer aiguise le fer, dit-il. Je suis resté dans mon village parce que Jésus a dit: ‘Celui qui est insulté à cause de mon nom aura une grande récompense dans les cieux.’ Dans mon village, beaucoup m’ont insulté, mais j’étais heureux, car je savais que ma récompense serait grande. Je continue d’évangéliser. Deux personnes de mon village sont devenues croyantes et vont maintenant à l’église avec moi. Ces deux-là m’insultaient avant!»
Une brebis parmi les loups
Dans son village, Yasin dit se sentir «comme une brebis parmi les loups». Malgré cela, il reste optimiste. «Je sais que Dieu a une mission pour moi: annoncer la Bonne Nouvelle dans mon village. Oui, j’ai essayé plusieurs fois de partir, mais Dieu a mis sur mon cœur de rester. Je sais qu’Il veut m’utiliser ici.»
Yasin prie beaucoup pour les habitants de son village. Il espère les voir devenir chrétiens.
Il ressent néanmoins encore la douleur d’avoir été abandonné par sa famille élargie. «Ma mère ne m’a pas parlé depuis 14 ans, dit-il. J’aime ma mère, mais si elle me demandait de quitter Jésus pour revenir vers eux, je ne le ferais pas.»

Alors qu’il continue de suivre Jésus en Irak, endurant les insultes, les persécutions et la perte de proches. Il nous demande de prier pour lui et sa famille. «Je vous demande de prier pour que Dieu me donne la force d’évangéliser le plus grand nombre possible. Priez aussi pour que Dieu protège mes enfants. J’ai souvent pleuré pour eux, car la persécution les touche profondément.»
Mais même s’il souffre de la persécution et de ses conséquences sur sa vie et celle de sa famille, Jésus a transformé à jamais le cœur de Yasin, jusqu’à lui donner de la compassion pour ses persécuteurs. «Je leur pardonne. Jésus dit: "Pardonnez à vos ennemis." Il dit aussi que nous sommes la lumière du monde. Comment pourrais-je être la lumière du monde si je ne leur pardonne pas?»
Portes Ouvertes œuvre à travers des partenaires locaux en Irak, apportant un soutien pratique et spirituel à ceux qui suivent Jésus malgré les risques et les difficultés. Vous pouvez soutenir les chrétiens comme Yasin en faisant un don.