La plupart des jeunes hommes sont partis

La guerre qui dure depuis plus de sept ans a eu un impact énorme sur l'Église syrienne. Les chiffres sont stupéfiants : 5,6 millions de Syriens ont quitté le pays, et plus de 6 millions d’autres ont été déplacés en Syrie même. Soit la moitié des 22 millions d’habitants avant le début de la guerre en 2011. Une telle hémorragie démographique pose un problème pour les familles et aussi pour l’Église.

Les femmes doivent trouver un travail

«Beaucoup pourvoyaient aux besoins de leurs parents et de leurs proches. Cela cause des problèmes financiers dans les familles» dit George, un responsable d’église.

Les familles syriennes comptent traditionnellement sur l'argent que les hommes apportent. Dans la plupart des cas, les femmes n'ont pas d'emploi rémunéré après leur mariage. George a pu réagir grâce à l’appui de Portes Ouvertes : «Alors que les hommes partaient, les femmes avaient besoin de trouver du travail. Nous avons donc lancé des projets spécifiques pour que les femmes aient un revenu»dit-il.

Les anciens ont moins de soutien

Huda, un autre chrétien, décrit l’impact générationnel : «Comme la jeune génération est partie, les anciens dépendent d’autres membres de la famille ou d’organisations externes. Ils sont devenus un fardeau pour la société, matériellement, moralement et médicalement. Les rôles changent au sein de la famille. Il ajoute : 

«Les femmes portent maintenant un double fardeau, économique et social. Leur position a changé : elles ont des rôles multiples dans la famille et la société.»

Trouver un conjoint est presque impossible

«Avant, il était possible de se fiancer avec un jeune homme pendant les études universitaires. Aujourd’hui, il n’y a presque plus de garçons à l’université. On peut dire adieu au mariage et à la famille. J'ai peur de ne jamais me marier», confie une étudiante d’une vingtaine d’années. À l’église, Elias fait le même constat : davantage de femmes célibataires, moins de mariages et de naissances.

Les églises manquent d'ouvriers

Beaucoup de chrétiens actifs dans les églises sont partis en peu de temps. «Nous manquons de volontaires à tous les niveaux. Il n’est pas facile de former leurs remplaçants. Toutes les activités de l'Église ont été désordonnées. Sur la centaine de jeunes, par exemple, il n’en reste plus que 30 : nous avons 6 garçons et 24 filles. L'émigration des chrétiens affaiblit de plus en plus l'Église. Les chrétiens manqueront aux Syriens dans la reconstruction du pays et de la société», dit un responsable.

Ceux qui restent font vivre l'Église

En écoutant toutes ces réponses, Elias se demande si certaines régions de Syrie ne seront pas bientôt vides de chrétiens. Il pourrait être pessimiste. Pourtant il garde espoir : «Où que vous regardiez dans les églises syriennes, vous rencontrerez des responsables qui sont restés au service des chrétiens.»
Il conclut sur une note positive :

«Vous rencontrez des jeunes qui ont décidé de rester, dévoués à servir le Seigneur dans leur pays, qui font tout leur possible pour aider et visiter les nécessiteux et pour continuer à faire vivre l'Église.»

En collaboration avec les églises locales, Portes Ouvertes participe à la formation des jeunes Syriens en matière de leadership.