
L'ONG Portes Ouvertes France et Belgique (réseau Open Doors International)* demande la prière pour les blessés et les familles de victimes de l’attaque terroriste contre l’église grecque orthodoxe Saint-Élie à Damas, et relaie l’appel des chrétiens de Syrie à la protection et la sécurité.
L'église grecque orthodoxe Saint-Élie, située dans le quartier de Dweilaa à Damas, a été attaquée par un terroriste ce dimanche 22 juin pendant la messe du soir. Le terroriste, affilié à Daech (groupe État Islamique ) d’après le gouvernement syrien, est entré dans l’église pendant le service, a commencé à ouvrir le feu sur les paroissiens puis s’est fait exploser avec un gilet explosif. Le décompte des victimes n’est pas arrêté, alors qu’on évoque plus de 20 chrétiens tués et plus de 50 blessés.
Premier attentat-suicide de l’après-Assad à Damas
Les forces de sécurité syriennes mènent l’enquête sur les circonstances de l’attaque. Le Ministre de l’Information, Dr Hamza Al-Mustafa, a adressé ses condoléances aux victimes, affirmant: «Cet acte lâche est contraire aux valeurs citoyennes qui nous unissent tous. En tant que Syriens, nous affirmons l'importance de l'unité nationale et de la paix civile, et appelons à renforcer les liens de fraternité entre toutes les composantes de la société».
Lundi, les autorités ont annoncé avoir arrêté 6 terroristes du groupe État islamique qui seraient liés à l'attaque. Un chrétien, préférant rester anonyme, commente: «Notre ancien gouvernement faisait cela: ils annonçaient arrêter quelqu'un après une tragédie, mais souvent c'était faux. Comment faire confiance au nouveau gouvernement?»
Le Président Al Sharaa a aussi exprimé ses condoléances: «Nous adressons nos profondes condoléances et notre compassion aux familles des victimes tuées dans cette explosion criminelle qui touche tout le peuple syrien, et souhaitons le prompt rétablissons des blessés».
Les communautés chrétiennes sous le choc
Dans un message publié hier soir sur Facebook, le patriarcat d'Antioche a dénoncé «avec la plus grande fermeté ce crime horrible» et demande aux autorités «d'assurer la protection de tous les citoyens».
Selon nos contacts sur le terrain, les hôpitaux sont saturés.
Mourad, responsable du travail d'un de nos partenaires locaux en Syrie, partage: «Je ne trouve pas les mots. C'est la dernière chose que les chrétiens attendaient. Des personnes innocentes qui priaient probablement pour leur pays [...] Condamner ce qui s'est passé ne ramènera pas les morts. Le traumatisme qui s'en suit va être très lourd. Nous avons des sentiments confus, de la colère, des questions. Nous pensions qu'avec la fin du régime précédent viendrait une certaine liberté, mais il reste des gens qui ne pensent qu'à tuer. Les chrétiens reçoivent des menaces quotidiennes de fondamentalistes qui leur disent qu'ils seront les prochains...»
Des chrétiens de toutes dénominations se sont réunis lundi dans les églises orthodoxes grecques pour des services de commémoration et de prière pour les blessés et les familles des victimes. Les autorités ont pris des dispositions pour garantir la sécurité de ces cultes.
Des chrétiens et des musulmans ont aussi manifesté publiquement dans les rues, notamment avec des bougies et des pancartes «Nous sommes unis».
Ce terrible attentat laisse les communautés chrétiennes de Syrie sous le choc. Après les irruptions de violence touchant les Alaouites en mars puis les Druzes en avril, la confirmation d’une Constitution basée sur la charia, l’extorsion et le kidnapping de chrétiens dans le Gouvernorat de Deraa, c’est un nouveau signal d’alerte pour les chrétiens. Alors que ces derniers événements alimentent l’incertitude quant à l’avenir de la minorité chrétienne, l’exode chrétien pourrait bien continuer… voire s’intensifier.